Un faisceau laser, possiblement le plus puissant sur terre, a été publié, bien que personne dans la salle de contrôle ne l’ait remarqué. Un écran noir en témoigne, marqué d’un point gris parfaitement rond. L’entité qui a produit ce faisceau de dix pétawatts – soit dix millions de milliards de watts ou le dixième de l’énergie du soleil atteignant la terre, est cachée à Magurele, à dix kilomètres de Bucarest à un centre de recherche nucléaire renommé qui abritait autrefois un réacteur soviétique.
Ce laser monstrueux est logé dans un hall de 2 400 mètres carrés de l’Infrastructure en lumière extrême (Extreme Light Infrastructure, ELI) et dispose de plusieurs « têtes » – deux qui peuvent produire 10 PW (une fois par minute au maximum), deux qui peuvent produire 1 PW (une fois par seconde), et encore deux autres qui peuvent produire des faisceaux de 100 térawatts (dix fois par seconde). Thales, une entreprise française, a développé et construit ce monstre laser. Le financement a également été assuré par l’Union européenne à 80 % et par la Roumanie pour le reste. Deux autres lasers similaires ont été installés en Hongrie et en République tchèque dans le cadre du même objectif de l’UE de soutenir le développement des nations moins bien dotées sur le plan scientifique en construisant ces installations avant-gardistes, bien que ceux-ci n’aient pas été construits par Thales.
Pour célébrer préalablement le premier tir vers une cible solide à 10 PW le 13 avril 2023, Thales a convié des journalistes pour une visite guidée de ce merveilleux dispositif technologique. Le but de cette technologie n’est pas de se substituer au soleil ou aux centrales nucléaires, mais de mener des expériences physiques sous des conditions extrêmes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ELI porte le suffixe NP, pour Nuclear Physics. Chaque année, une quinzaine de ces expériences sont menées pendant à peu près un mois.
Le désir de faire « bouillir le vide »
« En illuminant des gaz, nous nous rapprochons de certaines conditions astrophysiques », indique Domenico Doria, en charge des chambres d’expériences d’ELI-NP. Au centre de ces chambres se trouvent des conteneurs métalliques argentés où le vide prévaut et où des gaz ou solides seront détruits afin de créer des plasmas ou des bouillons de particules.
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