Le ciel d’avril sera animé par une comète et une éclipse solaire. Survenant le 8 avril en Amérique du Nord, la comète 12P Pons-Brooks et Jupiter seront les vedettes du soir, tandis que l’éclipse solaire fera disparaître brièvement le Soleil en plein jour.
Le 8 avril 2024, une éclipse solaire totale pourra être observée depuis l’Amérique du Nord par des spectateurs bien placés, à condition qu’ils aient les protections nécessaires. Ce phénomène se produira quand la nouvelle lune s’interposera parfaitement entre la Terre et le Soleil, projetant son ombre sur le continent. Au Mexique, cette obscurité totale durera jusqu’à 4 minutes et 26 secondes. L’ombre lunaire voyagera également à travers plusieurs grandes villes du Canada, des États-Unis et du Québec, les plongeant dans l’obscurité pendant diverses durées.
Durant la totalité de l’éclipse, la seule période où il est possible d’observer le phénomène à l’œil nu en raison de la lumière solaire intense masquée par la lune, Venus et Jupiter seront visibles à l’ouest et à l’est du Soleil. Toutefois, pour observer l’éclipse à d’autres moments, ou dans les régions où l’éclipse sera seulement partielle, il est nécessaire d’utiliser des filtres spéciaux pour protéger les yeux, car le visionnement direct du Soleil peut causer des dommages irréparables à la rétine.
En fin de journée, une magnifique éclipse partielle pourra être admirée en Islande. À la fin de cet événement astronomique, depuis l’Irlande jusqu’aux îles Canaries, le Soleil se couchera lentement, de moins en moins obscurci par la Lune. Pour la France métropolitaine, il faudra patienter jusqu’au 29 mars 2025 pour observer une éclipse solaire partielle.
Le ciel de l’hémisphère Nord offre en avril une belle opportunité d’observer la comète 12P Pons-Brooks, principalement en soirée et au crépuscule. Au début du mois, les conditions d’observation sont moins idéales dans l’hémisphère Sud. Cette comète a été découverte pour la première fois en juillet 1812 par Jean-Louis Pons, un astronome français, puis redécouverte par William Brooks, un astronome américain, en septembre 1883 lors de son passage suivant. Cette comète a une période orbitale de 71 ans et s’approche du Soleil lors de chaque cycle. Son dernier passage a été observé en 1954 et le prochain rendez-vous au plus près du Soleil, ou périhélie, est prévu pour le 21 avril 2024. Depuis quelques mois, la comète a montré une activité constante avec des éruptions soudaines de luminosité. Les astrophotographes équipés de matériel adéquat ont réussi à prendre de magnifiques photos de sa longue traînée de gaz et de poussières, créée sous l’influence du rayonnement solaire.
Au cours du mois d’avril, ce corps céleste, doté d’une chevelure, se déplacera à une distance réduite sous le point lumineux de Jupiter dans le ciel du soir. Il est prévu qu’il soit observable avec des jumelles partageant le même champ que la planète entre le 9 et le 17, ce qui devrait aider à sa localisation. Il est essentiel de se déplacer loin des villes et des pollutions lumineuses afin d’obtenir un horizon ouest-nord-ouest clair et le plus obscur possible car la comète se couche tôt dans la nuit voire au crépuscule; prendre de l’altitude peut également être bénéfique pour améliorer la transparence de l’horizon. A partir du 10 avril, la lune de plus en plus radieuse sera visible dans le ciel du soir, rendant la recherche de la comète plus complexe. La comète 12P Pons-Brooks ne sera probablement pas visible à l’œil nu si bas dans le ciel au crépuscule, sauf en cas de hausse notable d’activité au fur et à mesure qu’elle se rapproche du soleil. Néanmoins, avec des jumelles et photographiquement, elle devrait constituer une spectaculaire cible, en particulier avec la présence de Jupiter pour aider à sa localisation. Pour obtenir des exemples de durée d’exposition pour photographier une comète dans le ciel au crépuscule, consulter ce post (septembre 2023) ou ce dernier (décembre 2021). En ce qui concerne ce cas, j’estime qu’un petit téléobjectif de 70 à 85 mm devrait permettre de capturer de belles images avec Jupiter et les Pléiades en supplément.
Voici quelques rendez-vous à ne pas manquer dans le ciel d’avril,
Les phases de la Lune en avril: La Lune est au dernier quartier le 2 dans le Sagittaire, nouvelle le 8 dans les Poissons, au premier quartier le 15 dans les Gémeaux et pleine le 24 dans la Vierge.
Le firmament en avril offre une vue spectaculaire. Lorsqu’on observe l’horizon ouest à la tombée de la nuit, Orion et le Grand Chien semblent se fondre dans le crépuscule. Les lumineuses Rigel, Bételgeuse et Sirius disparaissent graduellement, pour réapparaître à l’aube tout au long des mois d’été. Le ciel d’avril est dominé par le Lion, avec Régulus, Denebola et leurs compagnons brillant à une altitude supérieure à cinquante degrés au-dessus de l’horizon sud à la début de la nuit. Pour les citadins, cette portion du ciel apparaît comme un désert colossal, car les constellations de l’Hydre, de la Boussole et de la Coupe sont dépourvues d’étoiles suffisamment lumineuses pour percer le voile de la pollution lumineuse. Seule la petite formation du Corbeau est susceptible de capter votre attention, malgré le fait qu’elle n’est pas particulièrement remarquable, même si elle abrite de superbes nébuleuses et galaxies qui sont magnifiques à observer à travers un grand télescope. La Vierge et le Bouvier, ornés des étoiles brillantes Spica et Arcturus, sont des constellations bien plus impressionnantes. Elles se dressent dans le ciel est à l’aube des nuits printanières, et sont facilement repérables en suivant l’arc de la poignée de la Grande Ourse. Parlant de la Grande Ourse, elle est actuellement à son point culminant dans sa trajectoire nocturne, donc impossible à louper, contrairement à lorsque des arbres ou des bâtiments peuvent la dissimuler lorsqu’elle est proche de l’horizon. À l’est-nord-est, Véga et Deneb préfigurent l’arrivée du Triangle d’été. En fin de nuit, on peut admirer le ciel tel qu’il se présente au commencement des doux soirs d’été, avec le Scorpion et Sagittaire au sud, et la Voie lactée s’étirant vers le zénith.
La dernière version de mon manuel, dédié à l’observation astronomique à l’œil nu, est maintenant accessible et disponible dans votre librairie préférée. Cet opus est garni de récits d’observations, de recommandations utiles, et agrementé d’informations encyclopédiques et mythologiques sur les différents corps célestes, tels que les planètes et les étoiles. Il fournit également des suggestions pour l’observation et la photographie des plus fascinants rendez-vous entre les planètes, le Soleil et la Lune, que vous pourriez observer de janvier à décembre 2024. Si vous appréciez cette chronique mensuelle, vous serez ravi par les données additionnelles fournies chaque mois dans ce livre.
Je vous suggère également mon Calendrier Astronomique pour 2024, qui peut être trouvé ou commandé dans une librairie. Il présente douze magnifiques illustrations du ciel en très grand format (39 x 58 cm ouvert) et inclut un rappel des événements astronomiques à ne pas rater tout au long des mois.
Guillaume Cannat ( Pour recevoir une notification à chaque sortie de nouvel article, suivez-moi sur X, Facebook ou Instagram)