Jésus de Nazareth a trouvé la mort sans laisser aucune trace écrite de sa vie. La période de quarante ans entre sa crucifixion et la rédaction du plus vieux évangile, l’évangile selon Marc, est l’une des plus mystérieuses dans l’histoire du christianisme primitif.
On se pose des questions sur la manière dont les souvenirs de Jésus ont été conservés, par qui et comment. A qui a-t-on confié la responsabilité de préserver sa mémoire ? A-t-elle été influencée d’une certaine manière ? Pourquoi un seul évangile n’a-t-il pas été suffisant, compte tenu du fait que trois autres ont été écrits (en plus de ceux qui n’ont pas été inclus dans le Nouveau Testament) ?
La réponse la plus évidente semble être que quatre disciples (Marc, Matthieu, Luc, Jean) ont consigné, chacun à sa façon, ce qu’ils ont vu et entendu. Cela justifierait les divergences dans leurs évangiles, qui parfois concordent, parfois s’écartent, et vont même jusqu’à se contredire. Cependant, cette explication « simple » a ses limites. Tout d’abord, ni Marc ni Luc n’étaient des disciples de Jésus. Ensuite, comment peut-on concevoir des divergences si grandes entre des témoins qui auraient assisté aux mêmes événements ? Par conséquent, il est nécessaire de chercher dans l’obscurité des réponses moins simples mais plus crédibles.
On oublie souvent que le premier témoignage sur Jésus provient de Paul de Tarse. Ce dernier a rédigé sept lettres entre l’an 51 (1 Thessaloniciens) et l’an 58 (Romains). Toutefois, il parle très peu de la vie de Jésus, se concentrant principalement sur la crucifixion et la résurrection. Nous apprenons cependant, au fil des pages, que Jésus était un descendant de David, né d’une femme juive.
Selon Paul, Jésus avait des frères et était accompagné de douze disciples. Il avait subi des affronts, trahi et avait partagé un repas final avant sa mort avec ses disciples. Paul a reference trois propos de Jésus au total. C’est un résultat mince. Pourquoi si peu ? Il est affirmé que Paul ne connaissait rien à propos de Jésus, mais c’est illogique. Comment aurait-il pu déclarer la mort d’un homme dont il ne connaissait rien ?
En vérité, nous n’avons aucun vestige de la première proclamation de l’apôtre, son message d’évangélisation. Ses lettres sont rédigées vers la fin de sa vie. Il ne répète pas ce qu’il a déjà dit, au lieu de cela, il met l’accent sur ce qu’il juge essentiel : la croix et Pâques. Il est nécessaire de chercher des indices plus convaincants ailleurs.
Marc était un précurseur. Il a créé un genre d’écrit qui n’existait pas auparavant, se situant à mi-chemin entre la biographie et l’histoire religieuse. Matthieu a donné le nom d' »Évangile » à ce style après Marc. Comment Marc a-t-il procédé ? En examinant de près son texte, on remarque qu’il est composé d’une série de petits récits : une citation, une parabole, un miracle, une description de rencontre…
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