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1 avril 2024 9 h 11 min

« Transition implique changements relation aux animaux »

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Vers la fin de mars, un sanglier femelle a quitté les côtes entre Kerpape et Larmor-Plage dans le Morbihan et s’est jeté dans l’océan, probablement à cause d’une chasse organisée dans ces deux villes. Soutenue par une puissance mystérieuse dont nous ne saurons jamais rien, elle s’est lancée dans un défi redoutable de nager près de dix kilomètres jusqu’à l’île de Groix. Là, malgré le fait qu’elle était sur le point de donner naissance, elle a surmonté cette épreuve éreintante.

La singularité de cet exploit et son caractère insolite nous invitent à poser des questions tout aussi étonnantes. Qu’est-ce qui se passe dans l’esprit d’un sanglier solitaire, perdu en mer agitée? Quelles sont les émotions qu’il ressent ? A-t-il peur et de quelle façon ? Après un certain temps, hésite-t-il à faire demi-tour ? Eprouve-t-il une émotion semblable à la joie lorsqu’il voit enfin la terre à l’horizon?

L’odysée de cette sanglière nous rappelle ce que nous pourrions attribuer de plus humain à un animal : l’unicité de chaque individu, l’audace d’explorer, le défi de confronter l’inconnu et la lutte acharnée pour sa vie et, de façon plus remarquable, celle qu’elle est sur le point de donner. Dès son arrivée à Groix, elle s’est cachée dans un fourré d’épines et a donné naissance à trois petits. Seulement le lundi 25 mars, peu après que le journal Ouest-France a eu le temps de relater l’histoire, certains membres de l’association locale des chasseurs sont venus et ont tranquillement abattu toute la famille – la mère et ses trois petits vertébrés.

Des événements politiques majeurs.

Il n’est pas nécessaire d’être membre du Parti animaliste pour être troublé par ce récit. En effet, le journal Ouest-France lui a notamment consacré trois articles. Les raisons de cette perturbation sont claires: le grand écart entre l’effort fourni par la laie pour assurer sa survie et celle de ses petits, et la manière arbitraire et insouciante dont elle est finalement tuée est troublante.

Ceci n’est pas une simple anecdote triste, c’est un événement politique majeur. En effet, la manière dont nous interagissons avec les animaux et les raisons de leur mort révèlent de nombreuses préoccupations politiques importantes. Nous savons désormais avec certitude qu’aucun plan de transition vers un avenir plus durable n’est possible sans changement radical dans notre relation avec les animaux.

C’est un fait indéniable particulièrement pour les animaux d’élevage. L’élevage intensif et industriel pose de nombreux problèmes éthiques et a des impacts désastreux sur l’environnement et la santé humaine. L’utilisation massive des terres agricoles pour l’élevage, avec deux tiers des terres en Europe dédiées à nourrir porcs, bovins et volailles, la disponibilité de l’eau, la pollution par les nitrates, la déforestation pour les monocultures de soja… À divers niveaux, la consommation excessive de viande est à l’origine ou aggrave toutes les principales menaces environnementales et sanitaires.

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