Cet article met en lumière les recherches menées par les douze récipiendaires de la Fondation pour les sciences sociales en 2023. Cette fondation, créée en 2011 et placée sous la direction scientifique de Claudia Senik, professeure à la Sorbonne et à l’École d’économie de Paris, soutient chaque année des chercheurs de divers domaines tels que la sociologie, l’ethnologie, l’anthropologie, l’histoire, les sciences politiques, l’économie et le droit, en leur attribuant des bourses d’étude. Le 28 mars, lors de la 11e Journée des sciences sociales à la Sorbonne, les travaux de ces lauréats de 2023 ont été présentés. Leur thème de l’année « Un monde en guerre » a été publié par La Découverte.
Le potentiel de l’Union européenne (UE) à devenir une force stratégique en soutien à l’Ukraine est également abordé. Suite à la proposition controversée du président Macron d’envoyer des troupes de l’OTAN en Ukraine, le géographe Sylvain Kahn suscite la question de savoir si les Européens peuvent s’unir pour transformer l’UE en un instrument stratégique de realpolitik, contrastant avec son image de modèle de libre-échange.
Selon le professeur de Sciences Po Paris, il existe un rapport indissociable entre l’État et la guerre, une idée à l’origine formulée par le sociologue américain Charles Tilly. Pourrait-on alors extrapoler cette affirmation en soutenant que la guerre façonne la société et vice versa? Cela semble bien possible, en se basant sur les résultats d’une étude qu’il a réalisée sur la perception publique de la guerre en Ukraine, basée sur une enquête menée par la Commission européenne en 2022 et 2023 concernant le soutien de l’UE à Kiev.
Il est souvent admis par les spécialistes et les analystes politiques que les crises croissantes en Europe conduisent à une intégration accrue de l’Union, tant au niveau institutionnel que du point de vue des opinions publiques et des liens entre les États membres. L’agression de la Russie en Ukraine en 2022 représente un exemple parfait de cette maxime. Les divers sondages d’opinion – deux chaque année depuis 1973, plus connus sous le nom d’Eurobaromètres – signalent émergence d’un « patriotisme européen » sur le Vieux Continent. Les Européens, en effet, expriment un soutien massif aux initiatives comme l’aide humanitaire à Kiev, le secours aux réfugiés ukrainiens et les sanctions à l’encontre de la Russie.
Cette opinion montante reflète un ensemble de valeurs partagées – les droits de l’homme, la légalité, la démocratie – et surtout la conscience d’une menace que Moscou représente à l’encontre de la sécurité de l’Union. Un contraste notable existe cependant entre la Pologne, la Lituanie et la Suède, où la menace russe est plus ressentie, et la Bulgarie, l’Autriche et la Grèce, où elle semble être moins présente.
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