Bassirou Diomaye Faye, propulsé à la présidence par le désir de renouveau des citoyens sénégalais, se retrouve confronté à des enjeux majeurs suite à son investiture, le mardi 2 avril. Quels seront ses axes d’action principaux et quelle approche adoptera-t-il ? Voici quelques indices.
Quelles sont les initiatives prioritaires ?
Bassirou Diomaye Faye a souligné ses initiatives centrales lors de sa première allocution publique post-élection : « Réduction des frais de subsistance », « combat contre la corruption » et « réconciliation nationale et réédification du socle de notre coexistence ».
En dépit de trois ans de dissensions, il a rendu hommage à Macky Sall, le président sortant et l’un de ses principaux rivaux, « dont la vigilance et le dévouement ont assuré une élection libre, démocratique et transparente », et a eu un entretien avec lui à la présidence jeudi 28 mars.
Dans son programme, Faye s’engage à rétablir une « souveraineté » qu’il estime avoir été cédée à l’étranger. Il envisage de renégocier les contrats pétroliers et gaziers ainsi que les accords de pêche, de se retirer du franc CFA, et d’investir dans l’agriculture pour se rapprocher de l’autosuffisance alimentaire.
Mais son défi majeur sera « la création d’emplois », selon l’économiste Mame Mor Sene, de l’université de Dakar. Dans ce pays où 75% de la population a moins de 35 ans et où le taux de chômage atteint officiellement 20%, de plus en plus de jeunes tentent d’échapper à la misère en empruntant la voie de l’émigration irrégulière vers l’Europe, malgré les dangers.
Pourquoi cela sera-t-il un défi ? »/
Mar Mome Sene, un chercheur éminent, affirme que la résolution de la question du chômage est une tâche à long terme et complexe qui nécessite une refonte complète de l’économie. Il préconise un investissement significatif dans le secteur industriel, bien que l’économie soit traditionnellement axée sur les services. Selon M. Sene, le prochain dirigeant devrait partager la charge de la création d’emplois avec le secteur privé, investir dans le développement du capital humain et établir un environnement propice aux affaires. La pandémie de Covid-19 et les répercussions du conflit ukrainien ont eu des effets dévastateurs sur l’économie, entraînant une hausse spectaculaire des prix des produits de première nécessité et des loyers. Le peuple est impatient de voir des progrès, mais M. Sene les met en garde que le changement ne se produira pas instantanément. M. Sene suggère que la priorité immédiate devrait être de restaurer la confiance et de créer un cadre propice entre les citoyens, qui a été brisé par l’ancien régime. M. Faye s’efforce de rassurer les bailleurs de fonds, affirmant que son pays demeurera un partenaire fiable à condition d’une coopération mutuellement bénéfique. El Hadji Mamadou Mbaye, un politologue, estime que l’une des premières mesures pour satisfaire l’électorat pourrait être une réduction rapide des prix des produits de base tels que le riz, l’huile et l’électricité.
Selon lui, des réformes institutionnelles et des actions pour combattre la corruption pourraient rapidement voir le jour, grâce à l’établissement d’un Parquet national financier. Il remarque que le président nouvellement élu sera appelé à déterminer si oui ou non dissoudre l’Assemblée nationale, composée en septembre 2022, où la majorité lui fait défaut. Cependant, la Constitution empêche cette démolition durant les deux premières années de session législative. Par conséquent, des élections pourraient être réalisables à partir de la mi-novembre.
Bassirou Diomaye Faye est sur le point de nommer son premier gouvernement. « J’ai l’intention de le constituer d’hommes et de femmes méritants et vertueux. Des citoyens originaires non seulement du Sénégal, mais aussi de la diaspora, reconnus pour leur expertise, leur honnêteté et leur dévouement », a-t-il annoncé.
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