Özgür Özel, le chef du Parti républicain du peuple (CHP), avance que vaincre Recep Tayyip Erdogan lors des élections municipales turques, le dimanche 31 mars, signifie aussi dire non à la politique identitaire qu’Erdogan cherche à imposer et qui ne fait que fragmenter la société.
Lors des élections de mai 2023, bien que votre parti ait réussi à forger une alliance avec cinq autres partis, vous avez malheureusement perdu. Aujourd’hui, vous vous présentez sans alliés aux élections municipales de dimanche. Comment pouvez-vous espérer la victoire ?
Après ma nomination à la présidence du CHP suite à notre congrès en juin 2023, j’ai approché plusieurs partis politiques à Ankara pour évaluer nos potentialités de collaboration. Toutefois, nous n’avons pas réussi à former d’alliance. Je crois cependant que les électeurs qui sont contre Recep Tayyip Erdogan et l’Alliance populaire [la coalition électorale menée par le parti présidentiel] voteront en faveur de nos candidats. En dépit de l’absence de coalition, nous avons la ferme conviction que l’insatisfaction des électeurs persiste.
L’opinion publique et les critiques exprimées lors des élections municipales de 2019 contre le pouvoir sont toujours présents. Tous nos candidats qui ont gagné des mairies jouissent aujourd’hui d’un très grand soutien de la part des électeurs de leur ville. Pour toutes ces raisons, je crois que nous aurons de bons résultats dimanche.
Depuis 2002, le président Erdogan et son parti, le Parti de la justice et du développement (AKP), sont au pouvoir. Malgré plusieurs candidatures et différentes options, vous n’avez pas réussi à les renverser. Existe-t-il encore une possibilité de les vaincre ?
Le chef de l’Etat et son parti ont maintenu leur emprise sur le pouvoir pendant plus de deux décennies, cependant, il est indéniable qu’une stratégie pour les dominer existe. On ne parviendra certainement pas à renverser ce régime en se confrontant directement à Erdogan et en s’engageant dans des disputes avec lui. Au contraire, le surmonter dépend de le laisser dans le passé, comme un symbole obsolète. Le défier revient également à repousser la politique d’identité qu’il nous impose et qui ne fait que fragmenter notre société.
Quand vous avez pris le contrôle du CHP, il semblait que cela avait injecté une nouvelle dynamique dans votre parti. Pourtant, les disputes ont repris et la sélection de certains candidats, comme à Izmir et à Hatay, a suscité des réactions fortes. Pourquoi donc ?
Nous sommes un parti social-démocrate, une formation qui abrite différentes factions politiques et où différentes idées peuvent être librement exprimées et examinées. Pour ces premières élections du deuxième siècle de notre République turque, nous avons reçu un nombre extrêmement élevé de candidatures de la part de nos membres, bien supérieur à celui des élections locales précédentes. Cela a naturellement conduit à des déceptions.
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