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1 avril 2024 11 h 10 min

Les dirigeants suisses abandonnent le concept de « ski sans frais »

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Le mercredi 27 mars, à Berne, à la fin de leur réunion de travail hebdomadaire, le Conseil fédéral suisse, qui est son gouvernement, a annoncé une décision collective auto-imposée. Dès le début de l’année 2025, le forfait annuel de ski gratuit, d’une valeur de 4 234 francs suisses (4 350 euros), sera abandonné par les sept ministres suisses, le Chancelier fédéral – le secrétaire général de l’exécutif – et leurs partenaires. Ce pass leur permet d’accéder gratuitement à toutes les stations de ski du pays.

Cette décision symbolique ne découle pas d’un manque de neige dans les Alpes suite à un hiver doux et inconstant. Elle est plutôt motivée par une changement d’ambiance politique.

Le 3 mars, lors d’un vote populaire, les citoyens suisses ont soutenu une initiative de gauche en faveur d’un État social plus actif. Cette situation, assez surprenante dans un pays habituellement réfractaire aux idées de gauche et aux caprices de l’opinion publique, annonce l’arrivée d’une 13ème rente mensuelle pour les retraités à partir de 2026. Ce choix, qui n’était pas soutenu par le gouvernement de coalition, majoritairement de droite, nécessite maintenant de trouver des fonds pour le financer. Les coûts estimés pour cette mesure additionnelle varient entre 4 et 5 milliards de francs (jusqu’à 5,2 milliards d’euros), une somme que devront supporter les caisses fédérales.

Au cours de l’élection, d’une intensité exceptionnelle selon les normes suisses, les partis conservateurs et les industriels, anticipant la possibilité d’une défaite historique à l’élection, ont déployé des efforts considérables pour dissuader leurs compatriotes de céder à ce qui était souvent présenté comme un « surplus de contrôle étatique à la française ». Ils ont par exemple rappelé cinq anciens ministres, dont deux octogénaires qui s’étaient retirés de la politique depuis de nombreuses années, pour avertir de l’« effondrement du système » que de nouvelles mesures de protection sociale irresponsables ne manqueraient pas d’engendrer à court terme.
Gestion prudente
Malheureusement, la stratégie s’est retournée contre ses instigateurs, les médias sociaux s’indignant du « sens financier » de ces vénérables personnages qui vivent…sur une pension annuelle à vie de 230 000 francs suisses depuis qu’ils ont cessé d’exercer leurs fonctions ministérielles. Un revenu qu’ils complètent souvent par des postes non-exécutifs dans les conseils d’administration des entreprises les plus puissantes de la Confédération. Les conseillers fédéraux à la retraite bénéficient également de ces gratuités sur les remontées mécaniques qui vont disparaître.
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