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1 avril 2024 1 h 09 min

Faille Protection Consommateurs: Rappels Produits Déguisés

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Au cours de l’été 2013, Goodyear a été frappé par une crise. Ses pneus de camion avaient la terrible tendance à perdre de leur intégrité, provoquant de nombreux accidents en Espagne, en France, et inévitablement à travers toute l’Europe. La question de savoir si c’était un défaut de fabrication a été soulevée. L’entreprise devrait-elle rappeler et remplacer des centaines de milliers de pneus à ses propres frais ? En théorie, si un problème de sécurité sérieux est détecté sur un produit, le droit français et européen stipule que les fabricants doivent initier une procédure de rappel d’urgence au niveau de l’UE, connue sous le nom de Rapex. Cette procédure couvre divers produits tels que les moules contaminés, les jouets défectueux, les tondeuses à gazon dangereuses, etc., qui sont tous répertoriés sur une plateforme spéciale. Toutefois, Goodyear a refusé de se plier à cette exigence, comme l’a révélé une enquête du Monde. Insistant sur le fait que ses pneus n’étaient pas à blâmer, la société a simplement lancé un programme d’échange discret en Espagne et ensuite à travers l’Europe pour ses clients, fondé sur le volontariat.

Les actions des autorités européennes dans cette affaire ont soulevé des interrogations. L’entreprise américaine n’a pas fait l’objet d’une surveillance spécifique au Luxembourg, là où les pneus problématiques ont été fabriqués durant la décennie 2010. L’Institut luxembourgeois de la normalisation, de l’accréditation, de la sécurité et qualité des produits et services (Ilnas), l’entité chargée de s’assurer que les produits mis sur le marché sont conformes, semble avoir été convaincu par les justifications de Goodyear. Dans une lettre datée du 25 février 2015, l’Ilnas a affirmé que « les actions entreprises par Goodyear permettent de garantir le retrait adéquat des pneumatiques du marché ».

L’interprétation du fabricant initial selon laquelle les explosions étaient dues à un phénomène météorologique espagnol unique a rapidement été démentie par les faits. Il peut paraître contradictoire de déclarer que ses pneus ne représentent aucun danger, tout en s’employant à les retirer du marché. De plus, le programme d’échange a duré longtemps: au 17 janvier 2015, près d’un an après l’expansion du mécanisme en question, 37% des pneus à remplacer étaient toujours en service, selon des données confidentielles fournies par Goodyear à l’Ilnas.

Incohérence et incertitude

Aujourd’hui, la société insiste encore sur le fait que son programme d’échange est uniquement basé sur «la satisfaction des clients, bien que les pneus ne présentent aucun défaut». Cependant, a-t-elle fourni des assurances suffisantes sur la sécurité? Interrogé récemment par Le Monde, l’Ilnas admet que son action depuis octobre 2013 (lorsque Goodyear a informé l’institut de la mise en place d’un programme d’échange) a été «seulement pour enregistrer les informations reçues [de la société américaine], qui semblaient pertinentes», sans imposer de contrôles supplémentaires. En d’autres termes, l’institut luxembourgeois n’a pas cherché à obtenir plus d’assurances.

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