La « pépinière » petit h est l’espace dévolu à l’atelier de rénovation de Hermès, basé à Pantin (Seine-Saint-Denis). Avant d’être transportés à la boutique, les objets reçoivent ici une ultime attention. Entre autres objets en attente, une guitare électrique, conçue à partir d’une selle de cheval, est prête à être mise au diapason. Sur une étagère, un sac Birkin allongé transformé en caddie, équipé de roues et de freins à roulette et une balançoire fixée par des mors à des sangles en cuir sont visibles. Après un dernier coup de chiffon, ces pièces seront expédiées au magasin Hermès de la rue de Sèvres, à Paris, où un espace spécial permet d’exposer ces objets de petit h parfaitement adaptés.
Rien ne se perd, tout est réutilisé et réimaginé, telle est la philosophie de ce laboratoire créatif. L’histoire commence dans une cave à matière qui regorge de résidus provenant des diverses activités de la maison. Des carrés de soie, des sangles, des rubans, des chutes de cuir et de tissu, des meubles, des fermoirs… sont empilés sur de hautes étagères, créant une véritable mosaïque de couleurs et de textures. Des fragments de porcelaine de la manufacture Hermès de Nontron, en Dordogne, des morceaux de cristal de la cristallerie Saint-Louis, ainsi que des éléments en métal de l’orfèvre Puiforcat sont intégrés à la collection – ces deux dernières maisons faisant aussi partie du groupe Hermès.
Une équipe de designers, d’artisans, et d’artistes invités s’applique à réutiliser de nombreux matériaux précieux pour insuffler une nouvelle vie. « Chaque jour, nous recevons des matériaux non utilisés de nos manufactures, sans savoir ce qui nous attend, c’est donc toujours une surprise », affirme Godefroy de Virieu, le directeur de création de petit h depuis 2018, après le départ de sa fondatrice Pascale Mussard, qui est également membre de la sixième génération de la famille Hermès.
Surnommée depuis son enfance « On-ne-jette-pas, ça-pourra-toujours-servir », Pascale Mussard a passé plusieurs années à accumuler tout ce qu’elle trouvait trop beau pour être jeté dans les ateliers du sellier. Pendant une année, en toute confidentialité, elle a transformé ces matières en collaboration avec le designer Gilles Jonemann (toujours partenaire de petit h), concevant une centaine de prototypes, des objets expérimentaux et espiègles, qu’elle a ensuite présentés à sa famille. Le projet a été accepté et en 2010, l’atelier petit h, qui fusionne différentes compétences du métier de sellier, est né.
C’était un défi audacieux pour Hermès, qui prenait le risque de s’éloigner de son image traditionnelle à un moment où le terme « recyclage » repoussait le luxe et avant que l’upcycling soit reconnu. Pascale Mussard a rapidement invitée des designers et des artistes pour créer des objets. Godefroy de Virieu, Adrien Rovero et Christian Astuguevieille ont accepté l’invitation. Le premier objet que Godefroy de Virieu a conçu était un presse-papier ou un bloque-porte galet, composé d’un galet trouvé sur une plage, entouré d’une sangle en cuir et d’un élastique.
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