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31 mars 2024 14 h 11 min

« Raconte ta vieillesse : Sacrifice pensé »

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À l’âge de 20 ans, Faouzi vivait dans un foyer de Sonacotra à Rouen. À présent, à 72 ans, il réside dans un foyer Adoma à Marseille. Adoma est le nouveau nom donné à la Société nationale de construction de logements pour les travailleurs algériens.

Faouzi est passé du statut de « jeune travailleur étranger » à celui de « retraité immigré ». Avec le temps, ses cheveux sont devenus blancs. Il a dû subir une opération sur son dos pour réajuster ses vertèbres. Ses enfants ont grandi et ont à leur tour eu des enfants. Ses trois derniers renouvellements de titre de séjour ont été accordés pour une durée de dix ans à chaque fois. « C’est la même chose pour vous, n’est-ce pas ? Vous devez renouveler vos documents d’identité tous les dix ans ? »

On le surnomme « chibani » (qui signifie « cheveux blancs » en arabe) pour indiquer qu’il fait partie de la majorité des Maghrébins qui ont immigré en France pour travailler pendant les « trente glorieuses ». « S’il vous plaît, dites plutôt que je suis un jeune chibani », dit-il avec un sourire. « Je ne me sens pas épuisé, je ne suis pas malade, Dieu merci, et je marche beaucoup. »

Ce jeune homme tunisien et marseillais d’origine, d’appartenance musulmane, quitte chaque matin sa petite chambre de 17 mètres carrés située dans le quartier de la Capelette du 10e arrondissement de Marseille, pour se diriger vers le centre-ville. Aux alentours de 9h30, qu’il fasse beau, qu’il pleuve ou qu’il y ait des mares d’eau, il part. Peu importe le temps, il pense qu’il est important de sortir. Vêtues de surchaussures en plastique bleu, ses chaussettes restent au sec dans ses baskets.

Il aime se rendre au Vieux-Port, sur la corniche ou à la Pointe-Rouge pour respirer de l’air frais. S’il y a des promotions dans les magasins de la rue de Rome ou de la rue Saint-Ferréol, il aime flâner devant les vitrines. Néanmoins, la plupart du temps, il trouve ce qu’il veut et ce que sa famille lui demande à ramener en Tunisie chez Primark. Faouzi se considère comme le créateur de mode de sa famille. Il a également une petite friperie préférée sur le cours Julien où il peut trouver de beaux pantalons kaki en velours côtelé à seulement 1 euro.

Afin de soutenir ses longues promenades, Faouzi accorde une grande importance au petit-déjeuner, même en contrôlant son taux de cholestérol jugé « léger mais à surveiller ». Il se nourrit de manière modérée, avec un œuf (blanc seulement), une tranche de pain à la confiture (sans beurre) et un mélange de café, chocolat, chicorée et beaucoup de lait.

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