Chaque jour, Rebecca Struthers crée de petites œuvres d’art qui n’excèdent guère quelques centimètres carrés. Après assemblage, ces pièces incarnent une notion infinie – le temps. En tant qu’horlogère autonome et co-fondatrice de Struthers Watchmakers avec son mari, cette Britannique de 38 ans fait partie d’une communauté qui continue à résister face à l’évolution technologique. Au Royaume-Uni, moins d’une centaine d’artisans se spécialisent dans la restauration ou la fabrication de montres, et une fraction infime de ces personnes sont des femmes. Pour raconter son cheminement unique et l’histoire peu connue de la fabrication des montres, elle a rédigé Hands of Time, un ouvrage encore non traduit en français.
Rebecca Struthers, issue d’un milieu modeste de Birmingham, une ville au cœur de la révolution industrielle, a été élevée par des parents travaillant au sein de l’administration publique. Rien ne semblait la prédisposer à sa carrière actuelle. Durant son adolescence, elle rêvait de devenir médecin légiste, se plongeant dans l’ouvrage réputé du chirurgien Henry Gray, Gray’s Anatomy. « J’ai toujours voulu comprendre comment les choses fonctionnent. Le corps humain est une mécanique fascinante, une machine douce. Horlogerie, c’est une machine métallique », dit-elle, établissant une comparaison avec son métier.
Au lycée, ses pairs se moquaient de sa curiosité insatiable. Malgré son enthousiasme pour les sciences, ses enseignants ne l’ont pas encouragée à poursuivre dans cette direction. À l’âge de 17 ans, elle a quitté l’école pour suivre une formation en orfèvrerie et joaillerie.
Rebecca Struthers a découvert qu’elle aime véritablement « se salir les mains ». Elle a appris comment se manier les outils de précision, sculptant, polissant et rivetant avec une précision millimétrique. Pour son projet final de formation, elle envisage de créer un planétarium, une représentation mouvante du système solaire, où chaque corps céleste est un bijou – un pendentif, une bague ou un anneau. Son « épiphanie » est survenue lorsqu’elle a visité un atelier d’horlogerie. « Cette discipline se situe à l’intersection de l’esthétisme, qui stimule l’imagination, et de l’ingénierie qui obéit à des règles strictes », observe-t-elle. De plus, l’horlogerie s’étend à une multitude de domaines : l’histoire, les sciences, le design, les arts…
Rebecca s’est alors investie dans plusieurs années d’études de cet artisanat, avec le soutien de l’artisan horloger Craig Struthers qui est désormais son époux. « Nous avons chacun nos propres compétences. J’ai un penchant plus technique. Je suis en charge des recherches, tandis que lui est plus porté sur la créativité. Il est aussi plus habile lorsqu’il s’agit des mécanismes les plus délicats nécessitant une grande dextérité. »
Environ 61.53% de cet article demeure à lire. Le reste est exclusif aux abonnés.
Laisser un commentaire