La foi chrétienne place la crucifixion de Jésus au cœur de ses croyances. Chaque semaine, durant la récitation du Credo, de nombreux fidèles chrétiens proclament que le Christ a subi la crucifixion. De manière plus générale, l’image d’une croix, que ce soit dans un lieu de culte, portée en médaillon ou visible le long des routes, est désormais courante dans une nation à tradition chrétienne, même dans un contexte laïcisé.
Mais que représente précisément cette crucifixion, supposée avoir eu lieu trois jours avant la célébration de la résurrection à Pâques ? Au fil des dernières années, des avancées significatives ont été réalisées dans la recherche autour de cet événement clé du christianisme, en termes de compréhension du contexte historique et des diverses interprétations qui en ont été faites.
Quelle signification les Romains attribuaient-ils à la crucifixion ?
Plus encore que la décollation, le bûcher ou la mise à mort par des bêtes féroces, la crucifixion était considérée par les sources romaines comme le « summum supplicium », le « châtiment ultime ». Il était généralement infligé à des criminels (comme des brigands ou des pirates) qui n’étaient pas citoyens romains, ainsi qu’à des esclaves, des prisonniers de guerre ou des condamnés politiques.
Au cours de ce calvaire, le condamné subissait une épreuve douloureuse qui pouvait durer plusieurs jours avant de décéder. En fin de compte, la victime périssait par asphyxie, son diaphragme étant compressé sous le poids de son propre corps, incapable de se soulever à cause de la paralysie de ses muscles – la souffrance de Jésus, telle que rapportée dans les Evangiles, semble à ce titre remarquablement brève.
La crucifixion représente une violence symbolique intense, démontrant une répudiation totale de la personne crucifiée, selon Andreas Dettwiler, Professeur de Nouveau Testament à l’Université de Genève et auteur d’un article récent, « Que savons-nous de la crucifixion de Jésus? Une enquête historique « (Scandale ou salut? Comment comprendre la mort de Jésus, dirigée par F. Amsler et S. Butticaz, Labor et Fides, 176 pages, 19 euros).
Il s’agit d’une mort déshonorante, pas d’une mort noble. L’humiliation commence par la nudité de la personne torturée, visible à tous, idéalement exécutée dans un endroit hautement visible, comme le sommet d’une colline, comme indiqué dans les Évangiles. En outre, la croix est érigée à l’extérieur des murs de la ville, signifiant une exclusion de la communauté civilisée. Malgré les perceptions que certaines représentations de la mort du Christ ont pu évoquer, le corps d’une personne crucifiée saigne peu. Comme l’explique Dettwiler, ce n’est pas une mort glorieuse, une mort d’homme, une mort de combattant. C’est une mort humiliante, une mort de faiblesse.
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