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Scandale en Malaisie pour chaussettes « Allah »

Dans une série d’événements alimentant les tensions dans ce pays multiethnique, la Malaisie a été agitée lorsque des chaussettes portant le nom d’Allah ont été trouvées à la vente dans des magasins détenus par des Malaisiens d’origine chinoise. La majorité malaise, connue pour sa xénophobie et son islamisme, qui représente 64% des 33 millions de Malaisiens, a déjà réussi à interdire en 2023 les montres Swatch de la collection Pride, décorées de drapeaux arc-en-ciel, dans un pays où l’homosexualité est illégale.
Le propriétaire de KK Super Mart, où les chaussettes en question ont été découvertes, a été inculpé avec son épouse, la cogérante de l’entreprise, pour avoir « offensé les sentiments religieux » des musulmans. Trois directeurs de la société de gros Xin Jian Chang, qui a fourni les chaussettes à KK Super Mart, ont également été inculpés.
Ces individus, tous d’origine chinoise malaisienne, risquent une peine d’emprisonnement d’un an. Ils se sont excusés publiquement pour cette « erreur non intentionnelle ». Selon KK Super Mart, seules 14 paires de chaussettes portaient l’inscription. Le grossiste Xin Jian Chang attribue l’erreur à l’entreprise chinoise qui a fabriqué les chaussettes. Il semblerait que ces « chaussettes Allah » soient passées inaperçues lors de l’inspection d’un lot de plusieurs milliers de paires.

Lorsque les premières images des chaussettes ont émergé sur le web le 13 mars, au milieu du Ramadan, elles ont rapidement fait le buzz. La toile s’est enflammée, partageant à répétition ces photographies qui associaient leur divinité à un objet jugé aussi « sale et indécent » que des chaussettes. Des cris de boycott de la petite épicerie, et même plus, ont jailli de toutes parts. Un Malaisien chinois de 35 ans a tenté d’ajouter de l’humour à la situation en disant que porter des « chaussettes Allah » devrait en fait être considéré comme procurant une protection « de la tête aux pieds » au porteur. Malheureusement, son humour lui a coûté cher : après avoir été harcelé en ligne, il a été arrêté par la police et condamné à six mois de prison pour « insultes » le 22 mars.

Climat politique instable

La situation rappelle un épisode tumultueux de l’histoire de la Malaisie lorsque des Chinois malaisiens se sont retrouvés au centre d’émeutes raciales en 1969, au cours desquelles plusieurs centaines d’entre eux ont perdu la vie. Depuis lors, la Malaisie a établi des lois de discrimination positive pour la majorité malaise, pour équilibrer les disparités engendrées par la colonisation, durant laquelle on prétend que les commerçants chinois se sont enrichis de manière illégale. La figure de proue de ce système était l’Organisation nationale de l’unité malaise (UMNO), le parti qui a longtemps régné sur le pays. Le principal détracteur de ce régime, au nom de la corruption qu’il génère, était un dissident pro-démocratie du nom d’Anwar Ibrahim, lui-même malais et musulman.

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