La résidence de Dina Boluarte, la présidente par intérim du Pérou, a fait l’objet d’une perquisition le vendredi 30 mars dans le cadre d’un examen pour des gains illicites. Il est prétendu qu’elle n’a pas déclaré dans son patrimoine une gamme de montres précieuses.
Un dossier de police, dont l’Agence France-Presse a pu consulter, a montré que près de quarante officiers et juges ont été déployés pour fouiller le domicile et mettre la main sur les montres Rolex. L’enquête a été lancée par le ministère public à la suite de doutes concernant « l’enrichissement illicite » et « l’omission de déclaration de biens ».
Le premier ministre péruvien, Gustavo Adrianzen, a exprimé son mécontentement à ce sujet lors d’un entretien sur le réseau de radio et télévision RPP samedi matin. Il a condamné l’acte, qualifiant l’incident d’inadmissible attaque à l’égard de la dignité de la présidence et de la nation péruvienne. Il a déclaré que ces mesures étaient excessives et incompatibles avec la constitution. Le gouvernement a révélé que pendant les perquisitions, Mme Boluarte était à la résidence présidentielle au Palais du gouvernement. Elle a indiqué qu’elle s’exprimera aux procureurs une fois qu’ils l’auront convoquée.
L’histoire a pris de l’ampleur lorsque La Encerrona, une plateforme d’information locale, a diffusé une série de photos de Mme Boluarte portant des montres précieuses non déclarées – environ quinze au total – du temps où elle occupait les postes de ministre de l’inclusion sociale et de vice-présidente, entre juillet 2021 et décembre 2022. Parmi les montres, une Rolex en or rose et en acier de 18 carats, incrustée de diamants et évaluée à 19 000 dollars (soit à peu près 17 565 euros).
Suivant la publication de l’enquête, Mme Boluarte, titulaire de l’immunité présidentielle, a insisté sur le fait qu’elle est intègre et qu’elle possède uniquement une vieille montre, acquise grâce à ses économies. « Je suis arrivée au Palais du gouvernement en ayant l’honneur intact et je partirai de la même manière, comme promis au peuple péruvien”, a-t-elle déclaré. Mme Boluarte a pris le rôle de présidente en décembre 2022 suite à la destitution et l’incarcération du précédent dirigeant de gauche, Pedro Castillo; elle était auparavant sa vice-présidente. Conformément à la Constitution, si des charges étaient portées contre elle, elle ne pourrait pas être jugée avant juillet 2026, soit à la fin de son mandat.
De plus, la présidente, qui a 61 ans, est actuellement sous le coup d’une enquête pour « génocide, meurtre aggravé et blessures graves » suite à la mort de plus de 50 personnes pendant les deux mois de désordre social qui ont suivi son élection à la présidence.