L’association En avant toute(s) chapeaute la Coordination nationale d’accompagnement des étudiantes et étudiants (CNAE), qui offre une ligne d’écoute gratuite et confidentielle. Louise Delavier, 33 ans et coordinatrice de programmes de l’association qui promeut l’égalité des sexes et prévient la violence, en particulier chez les jeunes, fait le point sur le développement de ce service initié fin 2023.
Comment est née la CNAE ?
Pour répondre à la détresse étudiante, le gouvernement a cherché à explorer des moyens autres que les dispositifs strictement institutionnels, qui ne recueillent pas toujours l’adhésion des jeunes. En avant toute(s) collabore déjà avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche dans le cadre de son plan national de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Grâce à notre service de chat, qui permet aux jeunes de converser en toute confiance avec des interlocuteurs formés à la problématique de la violence, nous avons pu tisser des liens entre notre génération et les structures existantes.
Cette compétence nous a permis de décrocher le contrat public pour gérer la ligne d’écoute de la CNAE. Nous avons recruté des psychologues et des travailleurs sociaux et avons mis en service la ligne en octobre 2023.
Quelle est la fréquence des appels que vous recevez et comment se passent-ils ?
Au cours des derniers mois, nous avons constaté une augmentation progressive du nombre d’appels reçus, atteignant près de 200 en février après avoir débuté à 20 en octobre. Ces appels, d’une durée moyenne de trente minutes, peuvent s’étendre si nécessaire. Notre service d’écoute, sans frais et confidentiel, est ouvert de 10h à 21h en semaine, et de 10h à 14h le samedi. Les sujets abordés sont variés, mais l’isolement social est récurrent, notamment chez les jeunes éloignés de leur famille et même de leur pays d’origine. Nous sommes aussi confrontés à des cas de grande précarité et de difficultés académiques. L’impact de la pandémie Covid-19 est ressenti fortement, avec des jeunes craignant d’avoir gâché leurs meilleures années dans un contexte déprimant. Le réchauffement climatique ajoute également à leur angoisse pour l’avenir.
Notre rôle consiste à soutenir ces individus en les écoutant et en les dirigeant vers les ressources appropriées. Les problèmes rencontrés en milieu professionnel, comme par exemple lors de stages hospitaliers pour les étudiants en médecine, peuvent être signalés à l’agence régionale de santé. Nous faisons également face à des cas de discrimination, de violences sexistes et sexuelles, et de harcèlement. Grâce à notre expérience, il nous est souvent possible de détecter rapidement les violences dans un récit. En cas d’infraction pénale, nous pouvons amener les individus concernés vers le service de chat de la police, une option sécurisante pour ceux qui hésitent à se rendre directement au poste de police. Nous soutenons également ceux nécessitant un soutien psychologique en les dirigeant vers des centres médico-psychologiques. Cependant, les délais d’attente peuvent s’étendre sur plusieurs mois, car ces structures sont surchargées. En attendant leur rendez-vous, ils peuvent nous recontacter pour un suivi sur le long terme.