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Ladakhis jeûnent pour droits et environnement

Sonam Wangchuk parle très calmement. Depuis les hauts plateaux du Ladakh, où le mercure chute encore en dessous de zéro, cet ingénieur de 56 ans vient de terminer une grève de la faim de 21 jours. Il a jeûné en plein air, sur la place publique de Leh, la capitale de cette région himalayenne située à une altitude de 3 500 mètres, se nourrissant uniquement d’eau et de sel. Le 26 mars, il a été amené à l’hôpital pour une surveillance médicale. « 21 jours, c’est la plus longue durée de grève de la faim que Mahatma Gandhi a endurée pendant sa lutte pour la liberté, » a-t-il partagé depuis son lit d’hôpital.

Sa bataille, qui a commencé juste avant les élections générales en Inde [du 19 avril au 1er juin], est toujours en cours. Il a passé le flambeau de cette grève climatique à des femmes pour les dix prochains jours. Ensuite, ce sera le tour des jeunes, puis des moines bouddhistes, des nonnes, et des anciens. Des milliers de citoyens sont venus pour soutenir ce défenseur bien connu de l’environnement et jeûner en signe de solidarité.

Ils demandent au gouvernement de Narendra Modi d’accorder au Ladakh le statut constitutionnel d’État. Jusqu’en août 2019, ce désert gelé faisait partie du Jammu-et-Cachemire, la seule région à prédominance musulmane de l’Inde. Il a été séparé, pour le plus grand bonheur des résidents bouddhistes, lorsque le gouvernement fédéral a brusquement décidé de révoquer l’autonomie partielle du Cachemire. Le Ladakh est maintenant un territoire de l’Union, sous l’administration de New Delhi, sans assemblée législative ni gouvernement autonome.

« Militarisation intensive »

Les Ladakhis se voient privés de tout contrôle sur l’avenir de leur région, qui est entièrement soumis à la volonté de New Delhi. Malgré des pourparlers initiés dans le sillage des premiers grands rassemblements avec le puissant ministre de l’Intérieur, Amit Shah – architecte de la reprise en main du Cachemire – aucun progrès n’a été fait. Comme l’explique Sonam Wanchuk, « Nous souhaitons préserver les écosystèmes délicats des montagnes himalayennes de Ladakh et les cultures indigènes distinctives qui y fleurissent. »

Ce royaume bouddhiste autrefois, avec une population de moins de 300 000 âmes, est logé au cœur de l’Himalaya, à l’extrême nord de l’Inde. Jusqu’aux années 2000, c’était une région préservée, se développant au gré d’un climat particulièrement rigoureux. De novembre à mai, le froid intense fige les routes et les rivières, forçant une partie de la population à vivre en quasi-autarcie.

Le charme de ses paysages lunaires, ses lacs clairs comme le cristal, ses éleveurs de yacks nomades, sa vie sauvage, ses monastères perchés sur des escarpements rocheux, ses oasis cachées dans les creux des vallées et ses cols dépassant les 5 300 mètres d’altitude exerçaient une fascination sur les touristes épris de grands espaces et des amateurs d’escalade en haute altitude. Cependant, deux évènements ont accéléré l’évolution de ce joyau écologique.
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