Pour faire le point sur la situation d’hier, voici ce que nous avons:
Quatre jours après que l’ONU a adopté une résolution demandant un « arrêt immédiat des hostilités » dans la bande de Gaza, et suite à une injonction de la Cour Internationale de Justice (CIJ) demandant à Israël d’empêcher la famine qui s’installe, les affrontements se poursuivaient ce vendredi 29 mars dans l’enclave palestinienne. L’armée israélienne mettait l’accent sur ses attaques contre la ville de Rafah et poursuivait ses opérations militaires dans et autour de plusieurs hôpitaux.
La ville de Rafah, la grande cité du sud, était toujours soumise aux bombardements israéliens. Les frappes menées par l’armée israélienne ce vendredi ont ciblé plusieurs endroits à Rafah, lieu de refuge pour près de la moitié de la population de l’enclave, selon les Nations Unies. Le Ministère de la Santé dirigé par le Hamas a rapporté « des dizaines de morts » depuis la veille, portant le nombre total de décès à 32 623 et plus de 75 000 blessés en presque six mois de conflit.
Le gouvernement israélien reste déterminé à lancer une grande offensive terrestre dans cette région, en dépit de la présence massive de réfugiés et des pressions internationales grandissantes, y compris celles des alliés américains. « Nous contrôlons le nord de la bande de Gaza ainsi que Khan Younès. Nous avons divisé la bande de Gaza en deux et nous nous préparons à entrer à Rafah », a déclaré jeudi soir le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui considère la ville palestinienne comme le dernier bastion du Hamas dans l’enclave.
Un haut représentant des États-Unis, cité par l’Agence France-Presse, a affirmé que la délégation israélienne qui avait reporté une réunion sur Rafah cette semaine a convenu d’un nouveau rendez-vous pour discuter d’éventuelles « options » à une offensive terrestre.
Les trois grands hôpitaux de la bande de Gaza sont toujours encerclés par les forces israéliennes. Ces hôpitaux, accusés d’abriter des bases du Hamas et du Jihad islamique, sont le théâtre d’opérations continues. L’hôpital Al-Shifa, le plus important de l’enclave, est assiégé depuis le 18 mars. L’armée israélienne affirme avoir neutralisé environ 200 « terroristes », évacué des milliers de réfugiés à l’intérieur et pris des mesures pour protéger les civils, les patients, le personnel médical et les équipements. Cependant, cette information n’a pas pu être confirmée par les médias locaux, la défense civile ou le Croissant-Rouge, car le quartier de l’hôpital, à Gaza, est fermé.
Les hôpitaux Nasser, Al-Amal et Al-Qarara sont également encerclés par des tanks et des véhicules blindés israéliens. Ces hôpitaux sont situés à environ un kilomètre de distance dans la ville de Khan Younès. Ici aussi, l’armée israélienne affirme avoir tué des combattants palestiniens. D’après le Croissant-Rouge palestinien, des milliers de civils se sont réfugiés dans l’hôpital Nasser, le plus grand du sud du territoire, dès le début de la semaine. L’hôpital Al-Amal, lui, est en état d’arrêt total depuis mardi.
La majorité de la population de Gaza est à la veille d’une famine « imminente ».
Matthew Hollingworth, qui occupe un poste au sein de l’ONU en charge de la situation en Palestine, est le dernier dirigeant à tirer la sonnette d’alarme sur la condition humanitaire désastreuse dans l’enclave palestinienne. Selon lui, il n’y a aucun autre lieu sur Terre où autant d’individus sont confrontés à une famine imminente. Les statistiques de l’ONU indiquent que la grande majorité des 2,4 millions d’habitants de Gaza, enfants, femmes et hommes confondus, sont en danger de famine, particulièrement dans le Nord.
La veille, la Cour Internationale de Justice a déclaré qu’Israël, mettant en place un blocus sur l’enclave, se doit de fournir une aide humanitaire urgente. Quoique plusieurs pays mettent en place des largages et des missions maritimes, tous s’accordent à dire que ces actions ne peuvent remplacer un approvisionnement routier.
Philippe Lazzarini, le dirigeant de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), affirme qu’Israël doit laisser Unrwa atteindre le nord de Gaza avec des convois de nourriture quotidiens et qu’il doit ouvrir d’autres points de traversée terrestres. Cependant, Israël accuse Unrwa d’employer des centaines de « terroristes » à Gaza et refuse désormais de laisser passer ses convois humanitaires.
Benyamin Nétanyahou a déclaré vendredi que le gouvernement israélien avait « approuvé » l’engagement d’une délégation israélienne dans les prochains pourparlers en vue d’un cessez-le-feu, qui devraient démarrer « dans les jours à venir ». Le gouvernement israélien aurait approuvé un cycle de négociations à venir au Qatar et en Egypte.
Au commencement de la semaine, suivant la résolution de l’ONU demandant un « arrêt immédiat des hostilités » pendant le mois sacré du ramadan, les représentants d’Israël et du Hamas se sont mutuellement blâmés pour l’impasse des pourparlers. En plus d’un cessez-le-feu de plusieurs semaines, la question des 130 otages détenus par les organisations palestiniennes islamistes et des détenus palestiniens en Israël est également discutée.
Le Qatar, qui agit comme intermédiaire avec l’Egypte et les États-Unis, avait indiqué que malgré les réponses négatives des deux parties, les discussions indirectes se poursuivaient. Depuis le commencement du conflit, une seule trêve a été déclarée pour une semaine à la fin du mois de novembre.