Catégories: Actualité
|
29 mars 2024 7 h 13 min

« Réclusion requise contre le ‘violeur de Tinder' »

Partager

Dans une tentative pour persuader la cour criminelle de Paris, l’avocat général Philippe Courroye a insisté sur une peine de dix-neuf ans pour Salim Berrada, jeudi 28 mars. Au cours de son plaidoyer, il s’est surtout adressé à l’accusé lui-même, âgé de 38 ans, plutôt qu’aux juges. Il semblait essayer une dernière fois de faire changer d’avis l’accusé, qui malgré une plainte déposée contre lui il y a neuf ans, maintient toujours son innocence.

Durant près de trois heures, l’avocat général a soutenu un monologue face à face avec l’homme « dangereux » – Berrada, accusé de treize viols et quatre agressions sexuelles. Ces crimes ont été commis sur de jeunes femmes, âgées de 18 à 28 ans, qui sont tombées dans son « guet-apens de la rue Pixérécourt », située dans le 20e arrondissement de Paris. Elles pensaient participer à une séance photo avec ce photographe de mode en pleine ascension.

Berrada nie toute les accusations portée contre lui. « Aucune de ces jeunes filles n’a été violée ou agressée sexuellement, elles étaient toutes consentantes, circulez, y a rien à voir » : c’est ainsi que Courroye a résumé la défense de l’accusé, qui continue à se dresser « seul contre tous », avec un air « d’impunité totale », comparable à celui du « conducteur qui remonte l’autoroute à contresens en klaxonnant ».

Courroye a également rappelé à l’accusé une déclaration d’une des victimes « Elle a dit son refus, vous n’ai-vez pas entendu ? ».

L’avocat général a mentionné les dix-sept plaignantes une par une, en rapportant des passages de leurs témoignages accompagnés de questions posées à l’accusé. Il a évoqué l’histoire d’Alice (les noms ont été changés), qui a décrit avoir « pleuré sans cesse » pendant leur acte sexuel et a demandé à l’accusé : « Qu’est-ce que cela vous prend, monsieur, pour comprendre qu’elle ne consent pas ? » Solène, qui a affirmé « Ça ne doit pas arriver, pas deux fois » avant le viol qu’elle déclare : « Elle a exprimé son non-consentement, vous n’avez pas pris cela en compte ? » Fanny, qui a frappé l’accusé avec son talon pour échapper à son emprise : « Si ce n’est pas un refus manifesté physiquement, qu’est-ce que c’est alors ? » Et ainsi de suite, dix-sept fois.

En préparation à l’argumentation des avocats de la défense, qui sont censés plaider le vendredi matin, Philippe Courroye a souligné que cette affaire ne se limite pas à la parole contre la parole. Il y a les témoins – l’ami, le petit ami, la mère – venus décrire l’état de choc dans lequel les plaignantes se trouvaient après les incidents. Il y a les traumatismes racontés par les victimes ou diagnostiqués par les médecins – les ruptures émotionnelles ou professionnelles, les dépressions, les dépendances, les cauchemars, etc. Il y a Fanny, avec ses ecchymoses apparentes le jour suivant les incidents, qui a perdu ses cheveux et n’a pas eu de relations sexuelles pendant deux ans par la suite. « Est-ce du faux, monsieur ? Est-ce compatible avec un acte sexuel parfaitement consenti ? »

Le reste de l’article, soit 35.08%, est réservé aux abonnés.

Les plus lus

La Commission européenne a conseillé de souhaiter de "bonnes vacances" au lieu de "joyeux Noël". Mais pourquoi cette demande ? Découvrons-le ensemble

Dans un message publié sur Twitter, le ministre ukrainien des affaires étrangères, M. Kuleba, a appelé la population à boycotter trois entreprises bien connues.

Les violentes protestations se poursuivent au Chili: la mort de Daniela Carrasco est toujours entourée de mystère, alors que "Ni una menos" accuse la police de torture.

Le cyclone Medicane est en Sicile, mais le 29 octobre, la tempête Apollo est attendue. Que va-t-il se passer ?