Un camion transportant des salades serpentait près de la frontière espagnole avant d’être arrêté pour un contrôle surprise. À première vue, tout semblait normal aux douaniers qui inspectaient ce véhicule de commerce horticole courant. Cependant, en arrivant à la cinquième rangée de palettes, ils ont révélé un chargement totalement différent: du tabac de contrebande – un total de 9 tonnes – enfoui au fond du camion. Cette saisie rentrait dans le cadre de l’opération « Colbert II », l’une des plus importantes en France, visant à lutter contre le trafic de tabac.
La réussite de l’opération, qualifiée d' »historique » par les autorités, s’élevait à un total de 27 tonnes de marchandise illégale récupérée entre le mercredi 20 et le mercredi 27 mars. Elle a également permis d’exposer les tactiques employées par les groupes criminels opportunistes, prêts à faire passer illégalement des substances telles que le tabac et les drogues, souvent en utilisant les mêmes itinéraires ou techniques que les cartels colombiens, connus pour leur habileté à dissimuler de la cocaïne dans des chargements de fruits et légumes.
En plus de ces prises, l’opération « Colbert II » a entraîné 108 arrestations et a demandé la fermeture administrative de 52 commerces. Elle s’est déroulée discrètement, tandis que l’opération « place nette », visant les drogues, monopolisait l’attention des médias. Cette opération aurait pu être encore plus importante, mais certaines actions ont dû être annulées ou réduites en raison de la réquisition de personnel – notamment des forces de police – pour l’opération « place nette », comme l’ont signalé plusieurs douaniers et policiers.
Le texte mentionne également le phénomène des « mules ».
Thomas Cazenave, le ministre des comptes publics, met en évidence que les mêmes stratégies sont exploités dans la lutte contre la traite du tabac tout comme elles le sont dans la lutte contre le trafic de drogues. Il pointe trois principaux enjeux: l’implication du crime organisé dans ces activités illicites, l’énorme manque à gagner annuel s’élevant à plusieurs milliards pour les recettes publiques, ainsi que la protection des quelque 23 000 débitants de tabac qui se trouvent à la merci de cette concurrence injuste.
Corinne Cléostrate, la sous-directrice à la lutte contre la fraude au sein de la direction générale des Douanes, insiste sur le fait que l’on voit de plus en plus d’organisations criminelles en France, y compris désormais des groupes originaires d’Amérique du Sud, se servir du commerce de tabac pour augmenter leurs profits. Elle décrit ce phénomène comme un « trafic de fourmis », caractérisé par de petites ventes au niveau des détaillants, mais soutenues par des moyens d’approvisionnement parfois de grande envergure (des convois de semi-remorques, l’utilisation de vastes entrepôts, etc).
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