Sous l’impulsion de Washington, qui appelle à la « réforme » et à la « revitalisation », l’Autorité Palestinienne (AP) s’est outillé, le jeudi 28 mars, d’un nouveau cabinet de technocrates, dont la plupart sont largement inconnus aux yeux du public. Le président Mahmoud Abbas avait donné pour mission à son conseiller économique, Mohammed Mustafa, de constituer et de diriger cette équipe le 14 mars. Ce cabinet a pour objectif la réinstallation de l’Autorité à Gaza, où elle a été expulsée par le Hamas en 2007, et où le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahu, ne cède aucune responsabilité.
La nomination de l’équipe a été approuvée par simple décret présidentiel. Ils doivent prêter serment le dimanche 31 mars, sans avoir à se présenter devant le Parlement, dissous en 2018. Le Premier Ministre Mustafa est un fonctionnaire neutre politiquement, formé aux États-Unis, ancien membre de la Banque mondiale à Washington et familier des donateurs internationaux de l’Autorité palestinienne. Ziad Hab al-Rih, qui coordonne les forces de sécurité, reste en poste comme ministre de l’intérieur. Six ministres viennent de Gaza, dont un ancien maire de la ville, Majed Abou Ramadan.
Dans une lettre adressée au président, M. Mustafa a souligné sa priorité de « réunir les institutions, en assumant la responsabilité de Gaza » et d’aider à la « reconstruction » de l’enclave, pour laquelle il envisage la nomination d’un coordinateur dédié. Si ce cabinet a été formé en moins de deux semaines, c’est parce que sa composition s’est faite sans larges discussions avec les groupes palestiniens, en particulier sans le Hamas, qui a critiqué cette unilatéralité dès le 14 mars.
Poursuivant au bord de la banqueroute.
A l’âge de 88 ans, le président Abbas continue d’être une figure centrale de la politique, malgré une présidence qui devait initialement durer seulement quatre ans à partir de 2005. Alors qu’il propose une série de réformes qui sont souvent perçues par ses alliés occidentaux comme non substantielles, l’Autorité Palestinienne qu’il dirige est en pleine dépolitisation et menace de faire faillite suite à l’augmentation de la pression israélienne depuis le début du conflit. Cette semaine, un débat est prévu par le gouvernement israélien sur l’éventualité de rompre les liens entre leurs banques nationales et les institutions financières palestiniennes qui y sont reliées. Cette proposition a été introduite par le ministre des finances israélien, Bezalel Smotrich, un fondamentaliste originaire des colonies de Cisjordanie.
D’après une enquête menée par l’institut de sondages palestinien PCPSR, la nomination de M. Mustafa est rejetée par une large portion des Palestiniens. Ils ne voient pas non plus son arrivée au pouvoir comme un indice de réforme. Au contraire, plus de 60 % des Palestiniens interrogés exigent un gouvernement pluraliste qui ne serait ni sous le contrôle d’un parti unique, ni sous l’emprise du président Abbas.
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