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29 mars 2024 20 h 07 min

Est-il possible de se préparer à l’éloignement des enfants ?

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C’est un extrait de la lettre d’information « Darons Daronnes » sur la parentalité, distribuée chaque mercredi à 18h. Pour la recevoir, vous pouvez vous abonner gratuitement ici.

Je suis privilégié d’avoir, depuis mon séjour, une vue imprenable sur un spectacle sans frais et toujours captivant : un jardin. C’est quelque chose d’unique en ville et, comme le déclare ma collègue, Cécile Cazenave, dans sa colonne récente « Chaud devant ». Regarder avec ses enfants les bourgeons du sureau pourrait être un moyen plus efficace de les sensibiliser à la fragilité du monde vivant que de leur donner des informations éco-anxiogènes. C’est un privilège car c’est différent chaque matin.

C’est également un privilège car depuis plusieurs années, je peux observer le même couple de merles construire minutieusement leur nid dès le mois de mars, rassembler des branches, construire ce cercle à l’architecture impressionnante, dans un coin isolé. Ces jours-ci, la mère merle couve. Si vous vous rapprochez, vous pouvez apercevoir sa queue dépasser. Le merle mâle saute, creuse quelques trous dans l’herbe, surveille les environs. Si tout se passe bien, nous pourrons ensuite assister à ce moment incroyable que nous avons découvert avec émerveillement pour la première fois pendant le confinement de mars 2020 : la naissance des petits merles. Ils sont plutôt laids avec leurs becs énormes et grands ouverts, une gorge immense, un corps sans plumes. Et tout ce qu’ils font, c’est pépier.

Mais voilà, un moment d’inattention de quelques jours et, à notre grande surprise, ils sont déjà dans notre jardin, grands et couverts de plumes, suivant leur mère avec une démarche hésitante alors qu’elle les encourage à voler. Le processus se fait par étapes : une branche près du sol, un petit mur, puis le sol lui-même pour recommencer le cycle. Cela continue pendant un certain temps, nos visiteurs s’aventurant toujours plus haut dans le sureau. Et puis un matin, à peine deux mois après leur arrivée, les jeunes merles ont disparu.

C’est comme si j’étais en train de regarder ma propre vie passer à toute allure. Mes trois enfants, qui me semblaient si parfaits à leur naissance, étaient probablement à cette époque, dans leur propre façon, comme des merleaux sans plumes. Et maintenant que je réfléchis, il me semble que j’ai à peine eu le temps de cligner des yeux avant que ma fille aînée, 9 ans, commence à me demander comment avouer son amour à quelqu’un. Si je ne suis pas vigilant – et même si je le suis ! – un simple battement de paupières suffira pour qu’elle et ses frères et soeurs nous annoncent, avec une combinaison de joie et d’inquiétude, leur départ de la maison. Plus loin que la première branche, le petit mur, de l’autre côté, là où notre regard protecteur ne pourra plus les suivre.

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