Deux années se sont écoulées depuis le début des conflits en Ukraine, et l’énergéticien français EDF n’a pas l’intention de modifier son orientation. Le jeudi 28 mars, la société a réitéré son intention de continuer ses échanges commerciaux d’uranium avec la Russie, tel que le permet la législation. Elle a aussi confirmé poursuivre les négociations pour un éventuel projet de construction d’une installation de conversion de l’uranium de retraitement (URT) en Europe occidentale, un mouvement qui pourrait réduire une fraction des liens nucléaires avec Moscou. Le projet est censé être au programme des discussions lors du prochain conseil de politique nucléaire, et l’entreprise française Orano déclare être « activement impliquée », bien que cela nécessiterait des investissements conséquents.
Interrogé lors d’une conférence de la Société Française d’Énergie Nucléaire, Jean-Michel Quilichini, responsable de la division de combustibles nucléaires chez EDF, a déclaré que la société respecterait l’accord signé en 2018 avec l’entreprise Tenex, une filiale de Rosatom. Malgré l’engagement direct de la grande entreprise russe du nucléaire dans l’occupation de la centrale ukrainienne de Zaporijia, une situation qui suscite des craintes d’un incident nucléaire, le domaine nucléaire est parmi les seuls à avoir évité toutes sanctions européennes.
Selon Jean-Michel Quilichini, EDF se conforme à la ligne politique française. Il affirme qu’il n’y a aucune justification valable pour l’arrêt d’un contrat en vigueur, et qu’une telle action ne compromettrait pas le fonctionnement des centrales. Ce contrat spécifique prévoit l’envoi d’uranium à retraitement, provenant des centrales françaises, à l’usine de Seversk en Sibérie. Ici, il est transformé et enrichi, pour ensuite être réutilisé. Cette installation appartenant à Rosatom est à l’heure actuelle la seule capable de convertir l’URT.
Fin novembre 2022, EDF a reçu une livraison d’uranium à retraitement enrichi (URE) de Russie dans le cadre de ce contrat. Cependant, l’entreprise n’a pas voulu confirmer si des livraisons d’URT ou des arrivages d’URE ont eu lieu depuis cette date. En début février, elle a néanmoins annoncé que l’un des réacteurs de la centrale de Cruas en Ardèche avait été remis en service avec de l’URE, une première depuis plus de dix ans, comme indiqué par La Tribune.
Il n’y a actuellement aucune autre option viable. « Le recyclage du combustible usé pour en extraire l’uranium, un matériau énergétiquement précieux, permet d’économiser 25% des ressources naturelles dans les prochaines décennies », déclare Cédric Lewandowski, directeur exécutif d’EDF en charge du parc nucléaire et thermique. Il n’a pas précisé l’origine du combustible utilisé à Cruas. EDF envisage que l’URT représente plus de 30% de l’uranium chargé annuellement dans ses réacteurs dans les années 2030.
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