Maurice El Médioni, un pianiste influent dans la musique arabo-andalouse et né en Algérie, est décédé à l’age de 95 ans en Israël, où il résidait après une longue vie en France, d’après une annonce postée sur sa page Facebook officielle par sa famille le mardi 25 mars. L’artiste est reconnu comme le créateur du « pianoriental », ou « piano oriental », une fusion unique de mélodies arabo-andalouses, de swing et de rythmes latinos. Ces influences ont été acquises pendant son adolescence à Oran, sa ville natale en Algérie, lorsqu’il côtoyait les soldats américains pendant la deuxième guerre mondiale. Parmi sa famille, on compte Saoud El Médioni, illustre musicien connu sous le nom de Saoud l’Oranais. Maurice El Médioni est resté actif dans sa discipline musicale même à un âge avancé. Le musicien français Denis Cuniot, qui a partagé un enregistrement avec lui, parle de son étonnement face à son talent intact à 83 ans. Khaled, le célèbre chanteur raï, considérait que Maurice El Médioni symbolisait une période de paix entre juifs et arabes où ils se rassemblaient pour célébrer et créer de la musique ensemble. De plus, El Médioni n’a cessé d’exprimer dans ses dernières interviews son espoir de renouer avec cette fraternité entre Juifs et Arabes.
Avec la formation du groupe El Gusto, qui regroupait des musiciens juifs et musulmans algériens ayant une longue expérience, cet idéal a été atteint. Malgré les défis historiques qui les ont séparés, ils ont réussi à se réunir à nouveau. Leur parcours a été documenté dans un film sorti en 2012, qui a été dirigé par Safinez Bousbia. Parfois, les comparaisons entre le collectif et le Buena Vista Social Club peuvent être un peu surévaluées.
Maurice El Médioni a choisi de déménager en Israël à la fin de sa vie, après une première tentative infructueuse en 1961. Comme il l’a exprimé au journal Le Monde, il craignait pour sa vie et celle de ses enfants en raison de la violence en Algérie. Il ne voulait pas déménager en France à cette époque car il craignait l’éclatement d’une guerre civile. Cependant, il n’a pas réussi à s’adapter à la vie en Israël.
Il a décidé d’essayer Paris en 1962, mais il a été repoussé par le climat et a opté pour Marseille en 1967. Il voulait une atmosphère méditerranéenne et il a ouvert une boutique de vêtements pour hommes avec son frère aîné sur la Canebière. C’est ce qu’il a partagé avec le même journal.
En dépit de sa passion pour le piano, qu’il a commencé à jouer à l’âge de 9 ans, il a consacré une grande partie de sa vie à son métier de tailleur, qu’il a exercé tout au long de sa vie.
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