Bassirou Diomaye Faye, âgé de 44 ans et relativement inconnu du grand public, vient de passer du poste de « prisonnier politique » à celui de président en exercice. L’élection du 24 mars, visant à remplacer le président sénégalais Macky Sall à la fin de son mandat le 2 avril, l’a vu porter les espoirs d’un changement radical insufflé par son mentor. Malgré son manque d’expérience dans la direction des affaires d’État, il a été balayé au pouvoir par un énorme vote populaire de 54,28% au premier tour, un chiffre qui reflète le besoin de changement ressenti par beaucoup.
Dans son premier discours en tant que président élu le 25 mars, Faye a promis un gouvernement composé de personnes talentueuses et virtueuses, tant de la population locale que de la diaspora, connues pour leur compétence, leur intégrité et leur patriotisme.
Les choix initiaux que Faye fera seront essentiels et seront surveillés de près. Seront-ils la réalisation de la rupture drastique promise à ses électeurs ou un compromis avec ses alliés de longue date de la politique sénégalaise ? Faye a dominé ses adversaires de l’opposition dans les sondages, écrasant notamment le candidat sortant, Amadou Ba, qui était vu comme la « continuité » de Macky Sall, avec seulement 35,79% des voix pour celui qui incarnait le «changement». Les 17 autres candidats ont tous obtenu moins de 3% des votes, avec Aliou Mamadou Dia en troisième position, ayant obtenu seulement 2,8% des votes.
En apparence, le triomphe lui a donné tous les outils pour diriger. Selon Moundiaye Cissé, directeur exécutif de l’ONG pour la démocratie, les droits de l’homme et le développement (3D), les citoyens du Sénégal lui ont conféré suffisamment de légitimité pour gouverner sans être tributaire d’un quelconque allié.
« A présent, nous avons entamé une nouvelle étape de gouvernance », indique Ayib Daffé, député et secrétaire général par intérim de l’ex-parti Patriotes africains pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), qui a été dissous par les autorités en juillet 2023. Sans fournir plus d’informations, il précise que « le but est d’inclure les alliés ».
Des figures publiques telles que Mary Teuw Niane, Habib Sy, Abdourahmane Diouf et Aminata Touré, tous d’anciens premiers ministres, pourraient contribuer au projet, de même que le Parti démocratique sénégalais (PDS). Ce dernier a soutenu le courant dominant quelques jours avant le vote, et peut donc aspirer à des postes suite à ce soutien. D’ailleurs, la veille de son élection, Bassirou Diomaye Faye a rencontré le fondateur du PDS, l’ancien président Abdoulaye Wade.
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