Contrairement à ce qui se passe dans d’autres vignobles français où l’excès de production pose problème, le Jura connaît une situation tout à fait différente. En effet, les vignerons de la région ont du mal à satisfaire leurs clients en raison de l’irrégularité de leur production. Cela est principalement dû aux conditions météorologiques imprévisibles qui font fluctuer la production. Si l’année 2023 a été exceptionnelle en termes de récolte, 2021, 2019 et 2017 ont été des années désastreuses. Benoît Mulin, vigneron du Clos des Grives, admet même que certaines années, la production peut être réduite à moins d’un tiers par rapport à une bonne année.
La situation est d’autant plus difficile pour le domaine du Clos des Grives qui ne fait que 4 hectares, situé à Chille. L’exposition sud des vignes, normalement favorable à la maturation du raisin, devient un problème avec la hausse des températures et la sécheresse qui tendent à endommager le raisin. Le gel de 2021 a également fortement affecté le vignoble et Benoît Mulin affirme qu’il ne peut rien faire contre cela. Il reconnaît la vulnérabilité du système. La demande pour les vins du Clos des Grives est élevée, ce qui ajoute au stress du vigneron. Une quantité importante de sa production, environ 60%, est destinée à l’exportation vers l’Asie, la Scandinavie et l’Amérique du Nord. À titre d’exemple, une expédition de bouteilles est prête pour la Corée du Sud.
Le directeur du Comité interprofessionnel des vins du Jura (CIVJ), Olivier Badoureaux, confirme que la production régulière est la plus grande question qu’ils doivent résoudre. Depuis son bureau à Arbois, il explique les défis auxquels les membres du comité sont confrontés. Les variétés locales produisent de grands vins uniques, mais sont délicates. Par exemple, le Poulsard n’est pas friand de chaleur, de sécheresse ou d’humidité, ce qui rend la vinification un véritable défi.
Dans le contexte de la gastronomie et du générique, le vignoble du Jura a produit 100 000 hectolitres en 2022, en baisse par rapport aux 31 000 hectolitres de l’année précédente. En raison du gel tardif, la production du sud du vignoble a diminué de 80 %, tandis que le nord a été frappé par de fortes pluies en été, causant des glissements de terrain à Château-Chalon et une prolifération de mildiou et d’oïdium partout – des champignons nuisibles à la vigne. En conséquence, la région n’a guère produit de crémants en 2021, bien qu’ils comptent pour 25 % des vins de la région et qu’ils soient le premier produit vendu à l’étranger.
Les vignerons sont constamment contraints de réviser leur gamme. Durant les bonnes années, ils peuvent offrir des cuvées parcellaires, qui trouveront leur place sur les tables gastronomiques. Cependant, pendant les mauvaises années, ils doivent se contenter d’une cuvée plus générique.
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