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26 mars 2024 8 h 10 min

« Guerre Ukraine: Situation difficile à Tchassiv Yar »

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Consultez tous nos écrits, évaluations et reportages sur le conflit Ukrainien. A travers les reportages, évaluations et explications de « Le Monde », vous découvrirez :

– La méthode de Kiev baptisée « mille entailles » pour stopper l’avancée russe
– Le niveau d’agressivité accru de la Russie envers Paris, entre insultes, provocations militaires et cyberattaques
– La collaboration entre la France et l’Allemagne pour produire du matériel militaire en Ukraine
– L’influence croissante du conflit en Ukraine sur le 126ᵉ régiment d’infanterie de Brive
– L’effort de coordination exigé d’Ukrainiens et de Russes à Zaporijia pour prévenir un désastre nucléaire
– Les chances de l’Ukraine de remporter la guerre
– La stratégie des soldats ukrainiens au Donbass pour renforcer rapidement leurs défenses afin de ralentir l’offensive russe
– L’adoption de la langue ukrainienne comme acte de résistance : une impression de malaise lors de l’écoute du russe
– Le témoignage de Maria Andreïeva, l’épouse d’un soldat russe : « Je regrette de ne pas avoir réussi à dissuader mon mari »

Explorez les réponses à vos questions les plus courantes :
Quelle est l’utilisation des drones par Moscou et Kiev ?
La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a pris des dimensions sans précédent ces derniers mois. D’après une étude britannique spécialisée en questions de défense publiée en mai 2023, l’Ukraine perd environ 10 000 drones par mois sur le terrain de combat, soit plus de 300 chaque jour. Pour mettre cela en perspective, l’armée française ne possède que légèrement plus de 3 000 drones dans ses stocks.

Les Ukrainiens et les Russes emploient principalement de petits UAV (véhicules aériens sans pilote) d’origine civile, peu coûteux et largement disponibles. Ils sont utiles pour l’observation des champs de bataille et pour guider les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives qui sont larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Bien qu’ils soient moins courants, les drones-kamikazes ont également un rôle crucial. Équipés d’une charge explosive, ces UAV sont lancés au-dessus des lignes de front sans objectif précis. Moscou exploitent des drones russes Lancet-3, ainsi que des Shahed-136, fabriqués en Iran. En revanche, l’Ukraine, qui ne possède pas de flotte de guerre conséquente, provoque son adversaire avec des embarcations sans-pilote, de petits kayaks téléguidés et équipés d’explosifs (450 kg de TNT).

L’importance des drones dans leurs opérations n’est pas négligée par les Ukrainiens et les Russes qui ont établi des systèmes d’approvisionnement durable pour leurs troupes, en achetant massivement des drones civils sur le marché mais également en développant leur propre capacité de production. Depuis le déclenchement de la guerre du Donbass il y a dix ans, l’industrie nationale ukrainienne malgré ses balbutiements initiaux a réussi à se renforcer. Au fin du mois d’août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé la mise au point d’une réplique du drone russe Lancet qui devrait bientôt être déployé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Dans le contexte des sanctions occidentales qui restreignent sa capacité à se procurer des composants électroniques, la Russie connait des difficultés. Toutefois, d’après les agences de renseignement américaines, elle aurait inauguré la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga. Cet établissement serait destiné à produire des drones-kamikazes inspirés de la technologie iranienne, similaire aux Shahed-136.

Quant aux réserves de missiles russes, elles sont difficilement identifiables, voire impossibles à préciser. Les informations concernant celles-ci sont souvent communiquées par les services de renseignement ukrainiens, bien que ces données soient controversées.

Andri Ioussov, le porte-parole de la GUR, l’agence de renseignement du ministère de la Défense, a affirmé à Liga.net que l’armée russe possédait 2300 missiles balistiques ou de croisière avant le déclenchement de la guerre, et plus de 900 étaient encore en réserve en début d’année. Selon lui, l’arsenal se complète de dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300 d’une portée approximative de 120 kilomètres, ainsi que d’une quantité significative de S-400, une version plus récente triplant cette portée. En août, Vadym Skibitsky, adjoint de la GUR, avait avancé 585 missiles atteignant plus de 500 kilomètres de portée.

En termes de capacités de production, elles auraient augmenté pour atteindre autour de cent missiles balistiques ou de croisière mensuellement, d’après divers experts. En octobre, la GUR évaluait cette production à 115 unités.

Selon l’agence de presse Reuters, la Russie a acquis et continue d’acquérir des missiles à courte portée provenant d’Iran et de Coree du Nord. Les sources iraniennes citées par Reuters révèlent que 400 missiles iraniens Fateh-110, avec une portée de 300 à 700km, ont été livrés à la Russie depuis janvier, suite à un accord convenu. Le nombre de missiles nord-coréens acquis par la Russie reste inconnu. Cependant, entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, 24 missiles ont été lancés en Ukraine, rapporte le procureur général, Andriy Kostin. Les experts évoquent les modèles KN-23 et KN-24, avec une portée approximative de 400 km, après l’examen des débris et des trajectoires.

Par ailleurs, répondant à une demande de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont consenti en août 2023 à transférer des avions de combat F-16 à l’Ukraine. Plus de 300 F-16 sont potentiellement disponibles dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal – mais tous ne sont pas prêts à en céder immédiatement.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a indiqué que 42 F-16 ont été promis par les alliés occidentaux à Kiev, bien que ces détails restent non confirmés. Le Danemark s’est engagé à en fournir 19, avec six pour la fin de 2023, huit autres en 2024 et cinq de plus en 2025, a précisé la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis d’en faire don, disposent de 42 appareils, mais n’ont pas spécifié combien ils envisageaient d’en donner.

Les pilotes ukrainiens nécessitent une formation pour utiliser les avions de combat américains. Onze pays alliés à l’Ukraine ont promis de soutenir la formation des pilotes. Selon l’OTAN, les militaires ukrainiens ne seront prêts à utiliser ces avions en combat qu’au début de 2024, bien que certains experts prévoient que cela pourrait se produire à l’été de la même année.

Quel type d’assistance militaire est fourni à l’Ukraine par ses alliés ?

Deux ans après la déclaration de la guerre, le soutien de l’Occident à l’Ukraine ralentit. L’aide récemment promis a diminué entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à la même période l’année précédente, selon le dernier rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024. Cette tendance pourrait continuer, avec le Sénat américain ayant du mal à approuver de nouvelles aides et l’Union européenne ayant eu des difficultés à faire adopter une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, principalement en raison de l’opposition de la Hongrie. À noter, ces deux aides n’ont pas encore été prises en compte dans le dernier rapport de l’Institut Kiel, qui couvre jusqu’à janvier 2024.

Selon les données de l’Institut allemand, le nombre de donateurs diminue et se resserre autour d’un noyau de pays, à savoir les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces pays promettent à la fois une importante aide financière et des armes de pointe. En tout, depuis février 2022, les pays soutenant l’Ukraine se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros en aides militaires, financières et humanitaires.

De manière générale, les nations les plus prospères se sont avérées être les donateurs les plus altruistes. En tête du classement, on trouve indiscutablement les États-Unis, qui ont promis une aide excédant 75 milliards d’euros, incluant 46,3 milliards pour le soutien militaire. Les membres de l’Union européenne n’ont pas tardé à apporter leur contribution, annonçant des aides bilatérales à hauteur de 64,86 milliards d’euros ainsi que des aides mutualisées tirées des fonds de l’Union européenne pour un montant de 93,25 milliards d’euros, totalisant ainsi 158,1 milliards d’euros.

Cependant, quand les contributions sont comparées au Produit Intérieur Brut (PIB) de chaque pays donateur, les positions varient. Les USA sont déclassés et passent à la vingtième place (correspondant à 0,32% de leur PIB), derrière des nations avoisinantes de l’Ukraine ou des anciens pays soviétiques alliés. L’Estonie occupe désormais le premier rang des contributions en fonction du PIB avec 3,55%, suivie respectivement par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). Les quatrième et cinquième places sont détenues par la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Les trois États baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou son associé, la Biélorussie, font partie des donateurs les plus prodigues depuis le commencement du conflit.

Concernant le ratio de PIB, la France est classée vingt-septième, ayant consacré 0,07% de son PIB à cette cause, juste derrière la Grèce (0,09%). Notamment, l’aide de la France a connu une diminution continue depuis le commencement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, passant de la vingt-quatrième place en avril 2023 à la treizième en été 2022.

Quelles sont les informations concernant les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Les tensions entre la Pologne et l’Ukraine sont montées d’un cran ces derniers mois. Le point de discorde majeur repose sur le passage de céréales ukrainiennes à travers le territoire. Au printemps 2022, la Commission européenne a créé des « corridors de solidarité » pour permettre l’évacuation et le commerce des produits agricoles ukrainiens, exonérés de taxes, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Toutefois, selon le Forum Agricole, une plateforme de discussion sur les problèmes agraires mondiaux, près de la moitié des céréales ukrainiennes passent par ou terminent leur course dans l’Union européenne (UE). Ces céréales, vendues à un prix beaucoup plus bas que le blé cultivé dans l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale, entraînent une instabilité sur le marché local et impactent négativement les profits agricoles.

La Pologne, la Bulgariue, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont par conséquent interdit de façon unilatérale l’importation de ces céréales en avril 2023, une interdiction tolérée par Bruxelles à condition qu’il ne bloque pas le transit vers d’autres pays et qu’il se limite à quatre mois. Cependant, jugeant que le problème sous-jacent n’a pas été résolu, Varsovie décide de garder sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, contrairement à l’avis de Bruxelles qui affirme que l’embargo n’a plus lieu d’être puisque ses enquêtes indiquent qu’il n’y a plus de distorsion des marchés nationaux en matière de céréales.

Les producteurs agricoles en Pologne ont mis en place un blocus à la frontière avec l’Ukraine pour empêcher le passage des camions ukrainiens sur le sol polonais, réclamant un arrêt total des imports de produits agricoles et alimentaires venant de l’Ukraine. Ils protestent contre l’augmentation de leurs dépenses de production pendant que les prix sont très bas et que leurs silos et entrepôts sont remplis à capacité. Le chef d’Etat ukrainien a déclaré au commencement de 2024 que le blocus à la frontière polonaise illustrait « le déclin de la solidarité » envers son pays, réclamant des négociations avec la Pologne. Il a aussi affirmé que « seule Moscou se réjouit » de ces tensions, critiquant « la diffusion de slogans clairement orientés pro-Poutine ».

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