Après une impasse de près de six mois, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a finalement adopté, le lundi 25 mars, une résolution demandant un « arrêt immédiat des hostilités » à Gaza. Celle-ci ne s’applique qu’au mois de Ramadan, qui a commencé il y a deux semaines. Il reste néanmoins incertain si cette résolution sera réellement mise en œuvre sur le terrain. Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a cependant averti qu’il serait « inexcusable » de l’ignorer. C’est la première action significative de la présidence Biden, visant à établir un certain retrait critique concernant l’opération militaire israélienne. Plus de 32 000 personnes, en majorité des civils, ont perdu la vie à Gaza.
Cette résolution a été présentée par les dix membres non permanents du Conseil de sécurité et a reçu l’appui de quatre membres permanents. Le vote fut rendu possible par l’abstention des Etats-Unis, qui n’ont pas soutenu la résolution à cause de l’absence d’une critique explicit du Hamas dans le texte. Néanmoins, l’effet reste le même : Israël se retrouve exposé et isolé. La résolution met fin au principe de conditionnalité que Washington avait cherché à maintenir, à savoir un lien établi entre la libération des 130 otages encore détenus par les Palestiniens et un cessez-le-feu temporaire, tout en répondant à l’appel à la paix des deux parties.
L’approche inédite adoptée par la Maison Blanche, dont l’impact a été largement minimisé, a instantanément suscité une crise ouverte entre Israël et son unique allié majeur dans le conflit. Benyamin Nétanyahou a choisi d’annuler le voyage à Washington de ses proches conseillers, Ron Dermer, ministre de la stratégie, et Tzachi Hanegbi, conseiller à la sécurité nationale. Leur mandat était seulement de discuter de manière courtoise avec leur allié américain des alternatives à une vaste opération terrestre à Rafah, au sud de la bande de Gaza.
« Les Etats-Unis ont renoncé à leur politique à l’ONU aujourd’hui », a annoncé le bureau de M. Nétanyahou, lundi, dans un communiqué. « (…) Cette résolution donne au Hamas l’espoir que des pressions internationales pourront forcer Israël à accepter un cessez-le-feu sans libérer nos prisonniers, ce qui compromet à la fois l’effort de guerre et l’effort pour libérer les otages. » Sans utiliser un langage de trahison, le premier ministre a suggéré que son pays était peut-être en train d’être abandonné. C’est une façon de se présenter comme le dernier bastion contre les pressions américaines.
Incohérence diplomatique de Washington
D’un autre côté, à Washington, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a suggéré que le leader israélien cherchait à « fabriquer une discorde là où aucune n’est requise ». Le conseiller a souligné que la résolution est « non contraignante » et n’aura « aucun effet sur Israël et sur sa capacité à combattre le Hamas ».
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