Le mardi 26 mars, un juge russe a étendu la détention temporaire de l’Américain Evan Gershkovich, un journaliste accusé de « espionnage », une charge qu’il nie fermement. Le jugement, prononcé par le tribunal municipal de Moscou, stipule que Gershkovich doit rester en détention jusqu’au 30 juin 2024.
Gershkovich, correspondant au Wall Street Journal, et précédemment employé de l’Agence France-Presse à Moscou entre 2020 et 2021, avait été interpellé par le FSB, le service de sécurité fédéral russe, alors qu’il couvrait une histoire à Iekaterinbourg dans l’Oural en fin mars 2023. Cette arrestation a marqué une escalade des tensions déjà élevées entre Moscou et Washington, tensions qui se sont aggravées depuis le commencement de la guerre en Ukraine.
Gershkovich, soutenu par les États-Unis, son employeur et sa famille, nie les accusations d' »espionnage », une infraction qui pourrait lui valoir une peine de 20 ans de détention. Aucune preuve n’a été publiquement produite par la Russie. Toutes les procédures ont été menées sous le sceau du secret.
Washington a accusé Moscou d’utiliser Gershkovich comme pion pour des échanges de prisonniers, suggérant qu’il a été pris en otage comme plusieurs autres citoyens américains arrêtés en Russie ces dernières années. Vladimir Poutine, le président russe, avait exprimé son ouverture à échanger Gershkovich contre Vadim Krasikov, un individu condamné à perpétuité en Allemagne pour l’assassinat d’un opposant tchétchène à Berlin en 2019.
Néanmoins, les efforts pour libérer Gershkovich sont devenus plus complexes suite au décès en prison de l’opposant russe Alexeï Navalny, qui, d’après son entourage, faisait part d’un plan d’échange de prisonniers en cours de discussion.
L’ambassadrice des États-Unis à Moscou, Lynne Tracy, a confirmé mardi, après l’audition, que l’extension de sa détention était « extrêmement difficile », car cette semaine coïncide avec le premier anniversaire de son incarcération. «Les allégations portées contre Evan sont totalement infondées », a-t-elle insisté, les qualifiant de « pure invention ». Le journaliste américain « a fait preuve d’une grande résilience et d’une force incroyable face à cette situation épouvantable, a-t-elle poursuivi. Il est cependant temps que l’administration russe le libère ».
Depuis l’inculpation d’Evan Gershkovich, la cour russe a systématiquement renouvelé sa détention provisoire dans la prison de Lefortovo à Moscou tous les deux à trois mois. La semaine précédente, Lynne Tracy lui a rendu visite et a confirmé qu’il restait « résolu ».
Son incarcération a constitué un coup dur pour les journalistes occidentaux qui continuent de travailler en Russie dans des conditions de plus en plus difficiles.
Tout comme Evan Gershkovich, un ancien militaire américain, Paul Whelan, emprisonné en Russie depuis 2018, espère également un échange et refuse les accusations d’espionnage qui lui ont valu une peine de prison de seize ans.
Des citoyens binationaux ont également été récemment arrêtés. Une femme russo-américaine a été arrêtée par le FSB à Ekaterinbourg, accusée de « haute trahison » – une accusation gravement sanctionnée – pour avoir financé l’armée ukrainienne. Avant elle, une journaliste russo-américaine, Alsu Kurmasheva, qui travaille pour le média financé par le Congrès américain Radio Free Europe/Radio Liberty, avait été arrêtée en Russie en octobre 2023. Elle est accusée de diffuser de « fausses nouvelles » sur l’armée russe, un délit également passible d’une lourde peine de prison.
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