Quand on parle de la transition vers la neutralité carbone pour nos sociétés et économies mondiales, le debate s’embrouille souvent sur combien ça va coûter et qui va porter ces coûts. Parue le mardi 26 Mars, une étude a estimé le coût de la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole, responsables d’environ un tiers des émissions globales. Afin d’atteindre les buts de l’accord de Paris, soit de limiter le réchauffement climatique à 2°C, voir même 1,5°C, et pour réduire de moitié ces émissions d’ici 2030, il faudrait débourser environ 205 milliards de dollars (soit 189 milliards d’euros), chaque année, entre 2025 et 2030, selon la Coalition Food and Land Use (FOLU), un partenariat regroupant plusieurs organisations de recherche et d’expertise (World Resources Institute, World Farmers’ Organization, EAT…).
« Cette somme, bien que conséquente, représente au final moins de 2% des revenus annuels du secteur agro-alimentaire et une partie de ce coût pourrait être transformée en retour sur investissement et économies », fait valoir Morgan Gillespy, la directrice de la coalition FOLU. « Ce montant rejoint les précédentes estimations », ajoute Mario Herrero, professeur à l’Université Cornell aux États-Unis. Connu en tant qu’expert en systèmes alimentaires, mais qui n’a pas pris part à l’élaboration de cette étude par la Coalition FOLU, il fait remarquer que cette étude souligne, non seulement l’absence actuelle d’engagements pour lever ces fonds, mais aussi l’importance de tenir ces promesses et d’agir concrètement, chaque année. »
L’objectif de cette recherche est d’examiner la complexité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et d’analyser où s’opèrent les modifications. La mise en pratique de principes agroécologiques, la capture du carbone dans le sol et l’emploi d’engrais organiques figurent parmi les nombreux changements que doivent implémenter principalement les agriculteurs eux-mêmes, indique la coalition FOLU. Cependant, selon Mme Gillespy, « Les fermiers sont les moins capables d’assumer les coûts de la transition. Ils évoluent déjà dans un contexte incertain, marqué par les caprices du climat et si on leur imposait de gérer seul le coût des modifications, beaucoup feraient faillite ».
Le rapport étudie également plusieurs exemples sectoriels et démontre que pour une petite coopérative d’élevage de bovins, le coût de la réduction des émissions grimperait à 17% de son chiffre d’affaires, contre seulement 1% pour les grandes multinationales.
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