Applaudissons l’arrivée du beau temps et le petit miracle qui se répète mille fois : le processus de nidification avec son étonnante série de ballets aériens. Observons un duo de mésanges, les amis volants les plus familiers de nos jardins. On peut les voir s’envoler tour à tour, voltiger, se poser par terre, picorer, s’élever à nouveau, tourner, plonger et s’activer. L’un transportant des brindilles dans son bec pour construire le nid, l’autre garnissant son bec de chenilles pour nourrir les oisillons.
Dans ce mouvement perpétuel, les partenaires se relaient sans interruption, mais courant le risque de collision. Parfois, M. et Mme Mésange évitent un accident de justesse, j’en fus témoin un jour.
Un déficit de communication entre les deux partenaires pourrait être la cause. C’est ce que laisse entendre la découverte d’un nouveau langage corporel chez la mésange chinoise (Parus minor), une espèce proche de notre mésange charbonnière (Parus major) mais de taille moindre et ayant un ventre plus pâle.
Malgré son nom, cette espèce de mésange habite aussi au Japon, où des scientifiques de l’université de Tokyo ont étudié le comportement de huit couples se reproduisant dans des nichoirs. Ils ont analysé 321 visites aux nids. Quand les oiseaux arrivaient à leur refuge, pour nourrir leur progéniture, ils se posaient souvent d’abord sur une branche proche pour attendre. Et ils entraient toujours un par un dans leur abri.
Les scientifiques ont observé un comportement inhabituel : lorsqu’un des parents attendait, il agitait fréquemment ses ailes en direction de son partenaire. Plus intéressant encore, « il agitait ses ailes uniquement en présence de son partenaire, qui entrait généralement en premier dans le nid », explique Toshitaka Suzuki, co-auteur de l’étude publiée le 25 mars dans Current Biology. Ce comportement prenait fin lorsque le partenaire entrait dans le domicile.
« C’est un geste symbolique »
Il est important de noter que les femelles agitaient leurs ailes beaucoup plus souvent que les mâles : six des huit femelles étudiées ont montré ce comportement, contre seulement un des huit mâles (et aucun des partenaires du huitième couple). Les auteurs restent prudents quant à l’interprétation de cette différence liée au sexe, qualifiant sa « signification écologique » d’intrigante. Après cette gesticulation d’une femelle, le mâle pénétrait généralement dans le nid, quel que soit le partenaire arrivé en premier. Si la femelle ne bougeait pas ses ailes, elle y entrait généralement avant le mâle.
D’après les auteurs, ce subtil battement d’ailes n’est pas simplement un geste « déictique », qui vise à désigner un objet d’intérêt. « C’est un geste symbolique qui transmet un message spécifique », écrivent-ils. Une manière élégante d’inviter le partenaire à entrer dans le nid, sans aucun contact physique. En gros, un « après vous, mon cher ».
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