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« Élection présidentielle sénégalaise après incertitude »

Un nombre impressionnant de personnes, presque 300, étaient alignées, attendant patiemment dans la cour de l’école Adja Warath Diène, située dans le quartier de Gueule Tapée Fass-Colobane, au sud de Dakar. La plupart observaient le jeûne du ramadan et étaient surveillés par plusieurs policiers en uniforme. À l’intérieur, les salles de classe étaient transformées en bureaux de vote, gardés par des militaires. Le dimanche 24 mars, un énorme nombre de 7,3 millions de Sénégalais étaient invités à choisir leur président, dont 707 800 dans la capitale sénégalaise, qui est le principal bassin électoral du pays.

La date initiale du vote, le 25 février, avait été repoussée par le président en exercice, Macky Sall, avant d’être réajustée à plusieurs reprises. Ces élections sont exceptionnelles pour plusieurs raisons. Pour commencer, c’est la première fois depuis 1960 que le président actuel ne cherche pas à être réélu. De plus, le Conseil constitutionnel a retenu dix-neuf candidats, bien que deux aient abandonné récemment.

Parmi les résidents de Gueule Tapée, le changement est un thème commun. Pour beaucoup, Bassirou Diomaye Faye, appartenant au parti principal de l’opposition, le parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), qui a été dissous en juillet 2023, est leur choix pour le cinquième président. Ses positions fortement souverainistes et panafricanistes, ses critiques envers les élites, le franc CFA et les multinationales contrastent fortement avec la continuité prônée par le candidat du pouvoir, l’ancien premier ministre et héritier de Macky Sall, Amadou Ba.

Selon Sandrine Angela Boissy, une assistante de direction dans la trentaine qui a passé quatre ans au chômage, il est difficile d’accéder à certains postes au Sénégal à moins de connaître quelqu’un d’influent, même si vous êtes titulaire d’un diplôme. Pour elle, le gouvernement de Macky Sall n’a pas amélioré nos conditions de vie et il est nécessaire de rompre radicalement avec cette situation. Son choix pour le vote sera Bassirou Diomaye Faye.

Faye, autrefois emprisonné, a été libéré grâce à une loi d’amnistie une semaine après le début d’une campagne électorale raccourcie. Le soutien populaire qu’il reçoit est largement dû à l’influence de son prédécesseur à Pastef, Ousmane Sonko, qui a été privé de l’élection suite à une condamnation. Traditionnellement, Faye séduit la tranche d’âge inférieure à 20 ans, qui compte pour la moitié de la population, mais il pourrait également plaire aux parents préoccupés par le fort taux de chômage qui atteint près de 20%.

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