Les quatre suspects impliqués dans l’attaque d’une salle de spectacle près de Moscou, ayant fait plus de 137 victimes, ont été mis en détention provisoire le dimanche 24 mars, suite à leur présentation devant un tribunal moscovite. Des images du tribunal montrant trois des suspects entrant menottés dans la salle d’audience escortés par des policiers, puis assis dans le box des accusés, ont été diffusées. Le quatrième est apparu dans une chaise roulante, les yeux fermés. Un des suspects portait un pansement à l’oreille, comme l’ont montré les vidéos de leur arrestation diffusées la veille par les enquêteurs. Trois d’entre eux apparaissaient ensanglantés.
Ils ont ensuite été incarcérés provisoirement pour une période de deux mois par le tribunal moscovite. Les quatre hommes sont poursuivis pour « terrorisme » et risquent la peine de prison à vie, d’après une déclaration du tribunal Basmanny de Moscou. Cette détention peut être prolongée en attente de leur jugement. La date du procès n’a pas encore été annoncée. Le tribunal a révélé que deux des accusés ont plaidé coupable. Un d’eux, originaire du Tadjikistan, a « pleinement reconnu sa culpabilité ».
L’agence de presse russe Ria Novosti a révélé que l’un des suspects avait précédemment travaillé dans un salon de coiffure à Ivanovo, une ville au nord-est de la capitale. Un autre a un bébé de huit mois et travaillait dans une usine de parquets à Podolsk, dans la région moscovite. Un deuil national a été décrété.
On ne dispose d’aucune information concernant le sort des sept autres individus dont l’arrestation a été rapportée samedi et dont les rôles n’ont pas été clarifiés. En outre, la police a signalé avoir trouvé, sur le site de l’attaque, 500 cartouches d’armes à feu, deux fusils kalachnikovs et vingt-huit chargeurs qui, affirment-ils, appartenaient aux assaillants.
Dimanche, la Russie a observé un deuil national. Bien que Vladimir Poutine ait délivré un discours samedi, environ vingt-quatre heures après les faits, il n’a pas fait d’autres commentaires mais a allumé une bougie dans la chapelle de sa résidence de Novo-Ogarevo.
Le Comité d’enquête de la Fédération de Russie a confirmé que parmi les 137 victimes de l’attentat figuraient trois enfants, dans son dernier bilan publié dimanche, alors que les recherches se poursuivaient dans les ruines du Crocus City Hall. Les autorités sanitaires ont également rapporté qu’il y avait 182 blessés, dont 101 étaient encore à l’hôpital dimanche soir.
« Aucune implication ukrainienne » selon Washington
L’État islamique (EI) a revendiqué l’attaque dès vendredi soir, mais les responsables russes n’ont pas directement attribué la responsabilité à ce groupe djihadiste, préférant mettre l’accent sur le rôle qu’ils attribuent à l’Ukraine.
Samedi, Vladimir Poutine a confirmé l’arrestation des « quatre auteurs directs » de l’attentat alors qu’ils « tentaient de s’enfuir en direction de l’Ukraine », où, selon lui, « un passage » avait été arrangé pour leur permettre de la traverser.
Washington refute avec force la thèse qui insinue une quelconque implication de l’Ukraine dans l’attaque récente, mettant l’entière responsabilité sur l’Etat islamique (EI). Adrienne Watson, qui est le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a clairement déclaré qu’aucun lien ukrainien n’était présent. Similairement, le ministre britannique des finances, Jeremy Hunt, a exprimé ses doutes quant à l’interprétation de M. Poutine, affirmant que sa confiance en les déclarations russes était extrêmement limitée.
Volodymyr Zelensky, le président de l’Ukraine, a reproché à son homologue russe d’essayer de faire porter le blâme à son pays pour l’attaque. Il a été rejoint par le premier ministre polonais, Donald Tusk, qui a exprimé son souhait samedi que cette attaque ne serve pas de base à une intensification de la violence en Ukraine.
Juste avant l’attaque, M. Poutine avait qualifié les avertissements américains sur une éventuelle menace d’attentat en Russie de « provocation ».
C’est la première fois depuis deux décennies que la Russie subit une attaque aussi meurtrière que celle du Crocus City Hall. L’Etat islamique, actif dans le Caucase russe et combatu par la Russie en Syrie, a déjà perpétré des attentats moins importants depuis la fin des années 2010.
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