Le dimanche 24 mars, la Russie a commémoré un deuil national à la suite de l’attaque terroriste revendiquée par l’Etat islamique, qui a fait au moins 137 victimes dans une salle de spectacle de Krasnogorsk, dans les faubourgs de Moscou. Vladimir Poutine, qui avait déjà fait une déclaration 24h après l’incident, n’a pas fait de nouvelles déclarations, il a plutôt allumé un cierge à la chapelle de son domicile à Nono-Ogarievo.
Le bilan final du Comité d’Enquête a précisé qu’il y avait trois enfants parmi les 137 morts. Les opérations de recherche se poursuivent dans les ruines du Crocus City Hall, avec 180 blessés déclarés par les services de santé.
Le Comité d’Enquête a également diffusé une vidéo le dimanche montrant les quatre suspects de l’attentat mis en garde à vue ce jour-là, à leur quartier général. La détention à venir de ces suspects est prévue « prochainement ». Cependant, aucunes informations n’ont été mises à disposition concernant 7 autres individus arrêtés le samedi, et leur implication reste floue. La police a en outre découvert sur le site de l’attentat 500 balles, deux AK47 et 28 chargeurs pouvant appartenir « aux attaquants ».
L’Etat islamique (EI) a revendiqué la responsabilité de l’attaque dès le vendredi soir, mais les autorités russes n’ont pas encore confirmé cette responsabilité. Elles ont plutôt souligné le rôle attribué à l’Ukraine. Washington, par contre, a déclaré qu’il n’y avait « aucune implication ukrainienne ».
Samedi, Vladimir Poutine a confirmé l’arrestation des « quatre auteurs immédiats » de l’attentat alors qu’ils tentaient de s’échapper vers l’Ukraine, où, selon lui, une voie leur avait été préparée pour permettre leur passage. Mais cette hypothèse est contestée par Washington pour qui l’Etat islamique est la seule entité à blâmer pour cette attaque. Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a fermement déclaré que l’Ukraine n’avait pas de rôle dans la situation. Jeremy Hunt, ministre britannique des finances, a également exprimé ses doutes quant à la version de Poutine, déclarant avoir « peu de foi » dans les dires des autorités russes.
Volodymyr Zelensky, président ukrainien, a reproché à son homologue russe de vouloir détourner les responsabilités sur son pays, et le premier ministre polonais, Donald Tusk, a exprimé son espoir samedi que l’attaque ne serve pas de « prétexte » à une « montée de violence » en Ukraine.
Avant l’attentat, Poutine avait qualifié d' »incitation » les avertissements américains concernant la possibilité d’un attentat en Russie.
D’après des sources médiatiques russes et le député Alexandre Khinstein, certains des suspects seraient originaires du Tadjikistan, pays voisin de l’Afghanistan et cible régulière d’actes de l’Etat islamique. Le ministère tadjik des Affaires étrangères a toutefois démenti samedi 23 mars avoir reçu une confirmation des autorités russes quant à l’implication de citoyens tadjiks dans l’attentat. Le président Emomali Rakhmon du Tadjikistan et Poutine ont entamé des discussions dimanche et ont convenu de « renforcer » leur collaboration pour lutter contre le terrorisme.
L’incident violent survenu au Crocus City Hall constitue la pire tragédie en Russie depuis deux décennies. L’Etat islamique, avec lequel la Russie est en conflit en Syrie et qui a une présence notoire dans le Caucase russe, avait déjà perpétré des attaques moins importantes vers la fin des années 2010.