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25 mars 2024 6 h 09 min

« Astrologie remplace profession chez les queers »

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 » Eh bien, ça y est ! Tu es Scorpion avec un ascendant Scorpion, mais ta Vénus se trouve en Balance : c’est la raison pour laquelle tu ne supportes pas les querelles. » En s’aidant de son smartphone, Jay, un jeune homme de 24 ans, interprète mon thème astral grâce à une plateforme dédiée à l’astrologie. Lui-même Scorpion, Jay essaie de me convaincre que notre signe – l’un des moins appréciés du zodiaque – ne mérite pas son image négative. Accoudé au bar du Cabaret des Merveilles, un établissement queer situé dans le quartier Saint-Michel à Paris, il continue : « Ton astre de la Lune se trouve en Capricorne. Cela reflète le côté rigoureux et sérieux dont tu parlais précédemment. » Il ajoute en jetant un œil amusé à mon cahier de notes : « Très rigoureux visiblement… ». « Mon dieu, il n’y a pas la moindre erreur ! Et tu as une très belle écriture », exclaima une cliente qui était venue commander une pinte de bière blanche.

« Dis-moi ton signe astrologique et je pourrai te comprendre mieux. L’astrologie, une pseudo-science associée aux croyances occultes, s’est récemment insérée dans les codes culturels et la socialisation queer, particulièrement parmi la jeune génération. Désormais, demander « Quel est ton signe? » est plus courant que « Que fais-tu dans la vie? », explique Raph, âgé de 22 ans et étudiant en lettres modernes. Avec ses signes solaire et ascendant en Verseau et Bélier, elle est perçue comme audacieuse, mais parfois impulsive. Instagram est bondé de comptes comme @astrologouine ou @zcommezodiaque qui ont attiré près de 40.000 abonnés. Lou Trotignon, un humoriste trans, a même fait une vidéo satirique sur cette obsession de l’astrologie. Certaines plates-formes LGBT comme @lesbien.raisonnable s’amusent aussi avec cette tendance. Le Cabaret des Merveilles offre des shots basés sur le choix de ton signe astrologique. Es-tu Vierge? Whisky, miel et citron vert pour toi, et pour Balance, Vodka triple sec à la framboise.
Bien sûr, l’attraction de l’astrologie n’est pas partagée par toute la communauté queer. Il y a des sceptiques. Certains hésitent à accuser ouvertement la supercherie, d’autres expriment leur méfiance, voire leur exaspération. « C’est du non-sens, je n’y crois pas, » déclare Ethan, un serveur, tout en préparant un cocktail. Jay, en revanche, le défie. « Tu nous as justement dit ton signe ascendant et la position de ta Lune. Tu sembles te soucier de l’astrologie », riposte-t-il. Le barman grommelle, « Bien sûr que je m’intéresse, surtout quand on me pose la question deux cents fois. » Ils admettent tous qu’ils ont des croyances mystiques. »

Selon l’analyse d’Elia Girauldon, une étudiante de l’Ecole des hautes études en sciences sociales, dans son travail de recherche, elle décrit comment les jeunes (de 18 à 25 ans), qu’ils s’identifient comme LGBT ou pas, mettent l’astrologie en usage pour atténuer les incertitudes et obtenir un niveau de compatibilité pour les rencontres romantiques.  » Cela aide à engager la conversation, surtout lors d’un rendez-vous, et à déceler la personnalité de l’autre », affirme Raph. On présume que les Taureaux seraient fiables bien qu’ils portent rancune ; les Poissons seraient empathiques, avec une personnalité sensitive ; les Lions seraient sincères, déterminés et fiers…
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