En fin janvier, le Musée national d’art moderne (MNAM) a approuvé l’inclusion de huit œuvres de Gérard Zlotykamien, un pionnier de l’art urbain âgé de 83 ans (toujours en activité), dans ses collections, représentant symboliquement l’acceptation de l’art urbain par le musée. Toutefois, cette nouvelle serait restée discrète sans l’annonce séduit de la galerie Mathgoth de Paris, qui promeut l’artiste et a souligné que le Centre Pompidou a franchi une « étape historique » envers l’art urbain.
Par rapport à ce qui s’est passé il y a un an avec les NFT (non-fungible tokens, en anglais), ce changement semble très discret. À l’époque, le MNAM avait publié un communiqué de presse pour annoncer l’acquisition d’un grand ensemble d’œuvres et l’avait accompagné d’une exposition dédiée à ces nouvelles pièces. En outre, l’art brut avait également fait son entrée en grande force au MNAM en 2021 grâce à la donation de Bruno Decharme.
Le corpus de l’art urbain, un domaine que nous avons longtemps presque ignoré, se construira plus progressivement, admet Sophie Duplaix, la conservatrice qui est à l’origine de cette nouvelles initiative du musée, qui a « choisi de commencer par une figure emblématique, à laquelle des artistes plus jeunes font référence ».
Depuis 1963, le Français Gérard Zlotykamien avait décidé de faire de l’espace public son lieu d’expression, peignant sur les murs avec une poire à lavement, en attendant l’arrivée des bombes aérosol, des silhouettes fantomatiques en écho aux fantômes d’Hiroshima, ces personnes emportées par l’explosion nucléaire dont les traces se trouvaient sur les murs de la ville, ainsi qu’aux victimes de la Shoah.
Guidée par la conservatrice, en janvier, la commission a également approuvé l’acquisition d’un autre ensemble, provenant de Lek & Sowat, un duo français enraciné dans l’art du graffiti. Cependant, deux de leurs œuvres étaient déjà aux collections du musée depuis une décennie, ce qui remet en perspective l’enthousiasme autour de l’art urbain. C’était en 2014, lorsque une vidéo (Tracés directs) illustrant les interventions secrètes et à la craie d’une vingtaine d’artistes sur un tableau noir du Palais de Tokyo a été présentée.
Parmi les intervenants se trouvait le peintre Jacques Villeglé (1926-2022), qui avait pris l’initiative de dessiner son célèbre « alphabet sociopolitique ». Le tableau noir comprenant son intervention, tout comme la vidéo, ont été offerts par les artistes en complément à l’achat d’un dessin de Villeglé par le musée. Le duo résume en disant : « Nous sommes entrés presque clandestinement grâce au nom de Villeglé ».
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