Douglas Kennedy, l’auteur américain de 69 ans, a récemment dévoilé son nouveau roman d’anticipation intitulé « Et c’est ainsi que nous vivrons » (Belfond, 2023). Le livre présente une vision absorbante et sinistre des États-Unis en 2045, illustrant une société divisée en deux factions : d’un côté, une liberté morale totale et de l’autre, une surveillance permanente.
Dans son œuvre, le vin, le whisky et les cocktails jouent un rôle important, utilisés comme des outils pour critiquer le puritanisme et les attitudes conformistes. Kennedy, qui a gagné en popularité dès son deuxième roman, « L’Homme qui voulait vivre sa vie » (1997), qui a été traduit en 16 langues et est devenu un film, réside à Wiscasset (Maine, États-Unis), Londres, Paris et Berlin.
Lors de notre entrevue, il a souvent donné libre cours à son rire contagieux.
Interrogé sur son appréciation du vin, il répond qu’elle reflète celle décrite dans ses romans. Il apprécie sans exagérer, sans s’engager dans une accolade poétique du vin. Il souligne qu’il provient de la classe moyenne new-yorkaise, et n’a pas baigné dans un monde de cuisine haut de gamme. Il n’excède jamais 40 euros pour une bouteille de vin chez le marchand de vin, et souvent bien moins.
Tout comme il préfère utiliser les transports publics et le vélo pour se déplacer, une attitude découlant de son éducation. Cela lui permet également de dépenser judicieusement pour le vin et de se permettre des billets de meilleure qualité pour les concerts à la Philharmonie de Paris ou de Berlin.
Il a également réfléchi sur le rôle du vin dans la société américaine.
Observer la manière dont l’alcool influence la culture est une étude fascinante. Pendant mes années d’études aux États-Unis, au début des années 1970, je me retrouvais régulièrement en voiture, partageant des bières avec mes compagnons d’étude. Essayer de faire cela maintenant serait impensable. Nous serions aussitôt arrêtés par les forces de l’ordre et passerions la nuit en cellule – je trouve cela tout à fait justifié. Un autre aspect qui m’intrigue est qu’une société profondément enracinée dans le christianisme puisse aussi apprécier la boisson. Prenez l’Irlande, l’Espagne ou l’Italie comme exemples!
Que pouvez-vous dire de vos antécédents familiaux liés au vin ?
Et bien, c’est un mélange. Ma mère ne consommait pas d’alcool, tandis que mon père était très proche de l’alcoolisme. Issu du milieu populaire, il se réfugiait fréquemment dans la boisson, le martini pour être précis, probablement pour échapper à ses frustrations. Un week-end sur deux, je me réfugiais chez mes grands-parents maternels pour fuir une situation familiale difficile. Ici aussi, mon grand-père, un bijoutier de Manhattan, consommait du J & B, un whisky très répandu, tandis que ma grand-mère n’a jamais touché à une goutte d’alcool.
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