Dans l’année qui a suivi l’après-midi du 25 mars 2023, la terres de Sainte-Soline, assiégée par une coalition anti-mégabassines, a vu beaucoup de changements. Il y a eu de violentes confrontations avec les autorités, mais aujourd’hui la terre a reverdi. Les brouillards de gaz lacrymogènes et la fumée des cocktails Molotov ont disparu, mais l’accès à l’endroit reste interdit. Les tirs de mortier ont été moindre problème dans la construction du gigantesque réservoir destiné à l’agriculture que la pluie.
Charles Robert, le directeur de la Coopérative Confidentielle de l’eau des Deux-Sèvres (Coop 79), a indiqué lors d’une conférence de presse le 22 mars que les précipitations intensives de cet hiver ont bouleversé le calendrier du projet. Des plans ont été mis en place pour assurer que les utilisateurs futurs ne seront pas désavantagés. Pour le respect de la vie aviaire locale, les travaux seront suspendus à la fin mars et reprendront en septembre.
Selon prévisions, le réservoir pourrait être rempli en novembre ou décembre, « si les conditions le permettent », pour être prêt pour la saison d’irrigation de 2025. Le calendrier a été approuvé à l’assemblée annuelle de la Coop 79 le 20 mars. « Nous avons eu des discussions profondes et nécessaires », a noté le président, Thierry Boudaud. Ces débats n’ont pas remis en question le projet de créer seize bassins sur la Sèvre Niortaise et le Mignon, répartis entre trois départements : Deux-Sèvres, Charente-Maritime et Vienne. « Un outil d’adaptation au changement climatique », argumente Boudaud, « Pour une agriculture respectueuse de son territoire. »
Dans le cadre de l’anniversaire imminent du conflit de Sainte-Soline, la coopérative s’est engagée à persévérer dans ses efforts. « Nous envisageons l’avenir et nous progressons », déclare M. Boudaud, qui a été bouleversé par le « harcèlement » et la « pression psychologique » dont il a été l’objet. « Nous avons appris par expérience que nous devons rester vigilants », avertit l’agriculteur irrigant, alors que des protestations d’opposants sont prévues dans les prochains jours à Melle (Deux-Sèvres) et dans toute la France. « Nous verrons si le verdict clair du tribunal de Niort le 17 janvier 2024 [la condamnation de neuf militants anti-bassins] a été entendu ».
« Exercer ma profession »
Ludovic Vassaux, agriculteur à Epannes (Deux-Sèvres), a vu son exploitation vandalisée lors d’un précédent mouvement de protestation du « printemps maraîchin » en 2022. « Est-il acceptable de devoir demander à ma fille de 17 ans si elle est victime de pression sur les réseaux sociaux ? », s’interroge l’éleveur-cultivateur qui cultive du soja non-OGM, des pois chiches, de la luzerne et de l’orge, mais pas du maïs. « Cela fait trois ans que nous n’avons pas cultivé de maïs dans la vallée ! », s’énerve-t-il. J’aime le Marais poitevin, je n’ai aucune envie de vivre en Beauce. J’ai besoin de cette eau pour exercer ma profession, prendre soin de mes vaches maraîchines et pratiquer l’agriculture biologique, ce qui est difficile. Il y a soixante millions de citoyens écologistes, mais il y a peu de consommateurs qui achètent actuellement nos produits… ».
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