Marwan Muasher, précédemment envoyé comme le premier ambassadeur de Jordanie en Israël (1995-1996) après l’accord de paix de 1994, et ayant représenté son pays aux États-Unis (1997-2002), est actuellement le vice-président en charge des études à la Fondation Carnegie pour la paix internationale, basée à Amman, en Jordanie. Il a également été ministre des affaires étrangères en Jordanie de 2002 à 2004.
Cinq mois après le début de la guerre à Gaza, l’inquiétude et la colère prévalent en Jordanie. Le gouvernement a condamné sans détour les actions militaires israéliennes à Gaza. Le roi Abdallah II a voyagé dans diverses capitales, y compris Paris, cherchant à dialoguer sur comment mettre fin à la guerre. En février, la Jordanie s’est présentée à la Cour internationale de justice, exprimant son opposition à l’occupation, décrite comme « illégale et inhumaine », des territoires palestiniens par Israël.
Malgré cela, la coopération sécuritaire entre Israël et la Jordanie persiste. Cependant, à la fois les autorités et la population jordanienne sont convaincues que les actions d’Israël sont en contradiction avec les intérêts jordaniens. Le Royaume hachémite s’oppose fermement à l’idée israélienne de résoudre le conflit israélo-palestinien en faisant de la Jordanie une « patrie alternative » pour les Palestiniens.
Son endurance et son implication dans des causes telles que la lutte contre le terrorisme ont toujours caractérisé sa force. Néanmoins, sa persistance actuelle ne reflète pas la réalité des relations politiques entre les deux nations, qui est à un point historiquement bas. En 2004, durant mon mandat de ministre, la Jordanie a protesté contre la construction du mur de séparation devant la Cour internationale de justice, la déclarant illégale selon le droit international. Malgré cela, la coopération en matière de sécurité n’a pas cessé, mais la relation politique a souffert.
Ces relations pourraient-elles se détériorer ?
Ce sera le cas si les Israéliens initient une attaque terrestre à Rafah. Si les Palestiniens rassemblés à la frontière franchissent en Égypte, cela instaurera un précédent hautement risqué du point de vue de la Jordanie, mettant plus de pression sur la Cisjordanie. La politique d’Amman veut que le territoire palestinien ne soit pas vidé de sa population. Les Palestiniens ont compris que s’ils quittent le pays, ils ne peuvent pas revenir [ceux qui ont été expulsés en 1948 lors de la fondation d’Israël n’ont jamais été autorisés à rentrer par l’État Israélien]. Le gouvernement jordanien a averti que tout essai de transferts massifs de Palestiniens serait considéré comme une déclaration de guerre. Avant le 7 octobre [2023], les personnes, dont moi, qui s’inquiétaient d’un tel risque, étaient accusées d’exagérer. Aujourd’hui, il est évident pour tout le monde qu’il s’agit d’un des objectifs d’Israël.
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