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23 mars 2024 20 h 12 min

« Manche: Techniques policières contre traversées migrants »

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L’inondation est accablante et la grande pergola blanche, qui sert de refuge à plusieurs personnes, peine à résister à la quantité d’eau qui s’accumule. Il est presque midi dans une zone suburbaine de Loon-Plage (Nord) ce mardi 12 mars, à l’entrée d’un des nombreux camps de migrants qui existent dans la commune depuis des années, qui se trouve à proximité de Dunkerque.

Ziko (un surnom utilisé par ceux qui demandent à rester anonymes), un adolescent de 16 ans originaire de Somalie, a vécu ici pendant cinq mois. Il a essayé à cinq reprises de traverser jusqu’au Royaume-Uni. Chaque tentative a été faite par bateau. Toutes se sont soldées par des échecs. À chaque fois, la police est intervenue pour arrêter le bateau sur lequel lui et d’autres espéraient franchir la Manche. « Chaque fois, ils ont percé le bateau », se rappelle-t-il.

Il y a environ deux semaines, la police a réalisé un acte sur la plage de Gravelines (Nord) que le jeune homme n’oubliera jamais. Les agents ont empêché le canoë de progresser alors qu’il était déjà en mer. « On était à quelques dizaines de mètres du rivage quand un bateau gonflable avec cinq ou six policiers s’est approché et a dégonflé notre bateau. » Ziko dit que lui et les cinquante autres passagers sont tous tombés à l’eau. « L’eau m’arrivait jusqu’à la poitrine, c’était très dangereux. Il y avait des enfants qui étaient hissés en l’air par des adultes pour éviter de se noyer. »

Durant ses nombreuses traversées, Ziko n’a connu qu’une seule fois une crevaison de son bateau en mer. Son récit précieux contredit les affirmations officielles présentées par le gouvernement depuis l’émergence des small boats en 2018. Ces petits navires, utilisés par des migrants cherchant à atteindre le Royaume-Uni, ne sont pas officiellement autorisés à être interceptés par la police une fois en mer. Selon une directive confidentielle du 10 novembre 2022, Marc Véran, le préfet maritime pour la Manche et la mer du Nord, soulignait que l’intervention des autorités en mer, y compris dans les 300 mètres de la côte, était limitée à la recherche et au sauvetage, et n’autorisait pas de mesures coercitives contre l’immigration illégale.

Malgré cela, la pression sur le littoral est constante : alors que moins de 2 000 individus ont traversé la Manche en 2019, ce nombre est monté à plus de 45 000 en 2022, et près de 30 000 en 2023. Ce phénomène a causé de nombreuses tensions diplomatiques entre la France et le Royaume-Uni.

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