Vendredi 22 mars, dans une annonce de dernière minute, le dirigeant démocrate du Sénat américain, Chuck Schumer, a fait part d’un accord budgétaire convenu juste avant la menace d’un « shutdown », qui aurait pu paralyser les services publics de la première économie mondiale. Bien que l’accord n’ait pas été approuvé avant la date limite fatidique de minuit, qui aurait déclenché ce shutdown, une série de votes prévus au cours de la nuit sont censés conduire à l’adoption finale de cette loi budgétaire de 1 200 milliards de dollars, à moins d’une surprise majeure.
Ce léger retard n’aura probablement pas de conséquences significatives sur les ministères américains qui risquaient de se retrouver sans financement en l’absence d’accord. Ces événements de dernière minute, plus qu’une menace majeure pour les Etats-Unis, mettent en évidence le désordre au sein du Congrès américain. Au cours de l’année précédente, le Congrès a évincé l’un de ses leaders, a échoué à octroyer des fonds pour l’Ukraine et a évité de justesse la faillite de la première économie mondiale.
Vendredi matin, le budget de l’Etat fédéral a été voté à la Chambre des représentants, qui devait également approuver ce texte, lors d’un épisode parsemé de surprises. Peu de temps après le vote, Marjorie Taylor Greene, une alliée de Donald Trump, a annoncé avoir déposé une motion visant à destituer le dirigeant de l’institution, le républicain Mike Johnson, qu’elle a accusé de « trahison ».
Une poignée de conservateurs fervents reprochent au républicain en poste depuis quelques mois d’avoir accepté un nombre excessif de concessions financières aux démocrates. « Nous avons besoin d’un nouveau porte-parole », a déclaré la représentante, connue pour ses extravagances, ses provocations et ses insultes, aux journalistes. Ce déroutant développement a aussi un sentiment de déjà vu: l’ancien « speaker » de la chambre, Kevin McCarthy, avait été démis de ses fonctions il y a seulement peu de temps dans un contexte similaire. Mike Johnson sera-t-il la deuxième victime de ces négociations budgétaires ?
La pression entourant l’adoption de ces lois budgétaires est si intense que les États-Unis n’ont pas réussi jusqu’à présent à adopter un budget pour 2024, un problème que les autres économies majeures n’ont pas à affronter. Pendant des mois, ils ont opéré en adoptant des mini-budgets temporaires qui expirent au bout de quelques semaines, ce qui est un défi pour les ministères américains.
Pas de soutien financier à l’UNRWA
Si le projet de loi en discussion cette semaine est approuvé, il permettra la prolongation du budget américain jusqu’à la fin de l’année fiscale, soit le 30 septembre. Ce document de 1 012 pages, issu de négociations extrêmement tendues, comprend des dispositions qui pourraient avoir des conséquences significatives à l’étranger.
Il interdit toute aide financière directe de la part des États-Unis à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, qui a fait l’objet d’une controverse depuis qu’Israël a accusé fin janvier douze de ses environ 13 000 employés à Gaza d’être impliqués dans une attaque du Hamas le 7 octobre dernier.
La législation proposée inclut également plusieurs centaines de millions de dollars pour Taiwan, sans toutefois prévoir de fonds pour l’Ukraine, les discussions financières pour Kiev faisant l’objet de pourparlers distincts. Le projet de loi examiné vendredi propose également diverses initiatives liées à l’immigration, un sujet notoirement controversé en pleine période électorale présidentielle. Plusieurs autres dispositions non nécessairement liées au budget sont incluses, par exemple l’interdiction pour les ambassades américaines de hisser le drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT+, malgré la tradition de certains pendant le « mois de la fierté ». Une législation adoptée le 9 mars avait déjà permis de finaliser une autre section du budget de 2024.
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