Lors de la préparation d’un grand nombre de vols majeurs, le mardi 26 mars, pour accompagner la visite d’Emmanuel Macron au Brésil, la terre du charbon de bois, on peut prévoir que nos dirigeants seront submergés par une vague de passion pour l’Amazonie. Le lendemain, après la fin de l’effervescence tropicale, ils se régaleront probablement d’une belle portion de viande de bœuf brésilienne dans leurs assiettes parisiennes, comme si rien ne s’était produit.
L’Amazonie, la plus vaste jungle tropicale du monde, ne se limite pas au Brésil, malgré une opinion courante. La région s’étend sur près de 7 millions de kilomètres carrés – approximativement de la taille de l’Australie – qui recouvre neuf pays, chacun avec ses particularités. L’Amazonie ne se limite pas au Brésil : du côté des Andes, il y a la Bolivie, le Pérou, l’Équateur et la Colombie. Au littoral de l’océan Atlantique, on trouve le Venezuela, le Guyana, le Suriname et la Guyane française. Le Brésil n’est pas isolé.
L’Amazonie est souvent réduite à des calculs économiques mesquins, à une sinistre ritournelle de déforestation ou à des records de biodiversité. Une forêt sans passé, en quelque sorte. Mais son identité dépasse sa nature et son agriculture, et encore plus sa démolition. Elle cache également une histoire humaine vieille de treize mille ans, avec des évolutions culturelles impressionnantes qui sont fréquemment négligées, car seule l’héritage des « conquérants » européens est souligné dans les anciennes colonies, malgré leur indépendance acquise depuis longtemps.
De nombreux manuels scolaires regorgent de ces « récits nationaux » unidimensionnels, opérant ainsi une suppression officielle d’une histoire millénaire qui a marqué la vaste forêt. La forêt tropicale est souvent perçue comme un simple produit de la nature, associée à la barbarie et au déclin des sociétés humaines. Il n’y a ni pyramide élevée ni basilique construite à partir de pierres précieuses qui pourraient garantir leur place parmi les grandes civilisations. Cependant, les scientifiques ont prouvé l’exact opposé.
Connexion spéciale avec l’invisible
Les premiers occupants ont radicalement modifié l’Amazonie, que ce soit sa végétation, la topographie du sol ou même la caractéristique des sédiments souterrains. Pensez à une Amazonie précolombienne parsemée de routes permanentes, de canaux et de fossés croisés, de voies en élévation reliant les tertres et les monticules, de digues, de bassins et de réservoirs, de champs élevés de toutes configurations, formes et dimensions imaginables. Les vestiges archéologiques impressionnants sont donc nombreux.
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