Carles Puigdemont, l’indépendantiste en exil en Belgique depuis plus d’une demi-décennie pour échapper à la justice de l’Espagne, a révélé, le jeudi 21 mars, qu’il envisageait de se présenter aux élections régionales catalanes du 12 mai. M. Puigdemont a fait cette révélation en France, pendant un discours en catalan à Elne, une petite ville située dans les Pyrénées-Orientales, près de la frontière espagnole, à un public ravi.
« J’ai choisi de participer aux élections imminentes pour le parlement catalan » a-t-il affirmé, debout près d’un podium sur lequel était inscrite « Président Carles Puigdemont ». Derrière lui se trouvaient un drapeau de l’Union Européenne ainsi que le drapeau catalan.
Cela marquera la troisième tentative de M. Puigdemont de gagner une élection régionale catalane depuis qu’il a commencé son exil en 2017. Malheureusement, à cause du mandat d’arrêt émis contre lui à la suite de la tentative infructueuse de sécession catalane de 2017, qu’il avait dirigée en tant que président de la région, il n’a jamais pu occuper son poste.
Pere Aragonès, le présent président de la Catalogne et leader du parti indépendantiste Gauche républicaine de Catalogne (ou ERC), un grave compétiteur du parti de M. Puigdemont, Ensemble pour la Catalogne (ou JxCa), a surpris tout le monde en annonçant la semaine passée des élections anticipées pour le parlement catalan le 12 mai.
Il n’a pas encore fixé de date pour son retour.
La veille de l’adoption d’une loi d’amnistie pour les séparatistes impliqués dans la déclaration d’indépendance unilatérale de 2017 à Madrid par les parlementaires espagnols, une annonce a été faite. L’amnistie était une condition non négociable établie par ERC et surtout par JxCa pour soutenir le renouvellement du mandat du socialiste Pedro Sanchez comme premier ministre. La loi est actuellement en révision au Sénat et devrait être approuvée définitivement d’ici la fin mai.
M. Puigdemont a estimé la semaine dernière qu’il était « tout à fait plausible » qu’il puisse prendre part au débat d’investiture du futur président catalan, qui devrait se tenir dans la seconde moitié de juin, c’est-à-dire après l’adoption de la loi d’amnistie. Jeudi, il n’a pas donné de date précise pour son retour, cette décision dépendant clairement de l’adoption de la loi. À l’heure actuelle, s’il revenait en Espagne, il serait immédiatement mis en détention.
Il a fait savoir que son plan initial avant l’annonce d’élections anticipées en Catalogne était de briguer à nouveau un siège au Parlement européen, où il a été élu en 2019, mais qu’il a finalement décidé de ne pas le faire.
Il a fait un appel à « l’unité ».
Lors de ses récentes remarques à la presse à Bruxelles, où il assiste à un Conseil Européen, M. Sanchez a tenté de minimiser l’importance de la candidature de M. Puigdemont, qu’il semblait considérer comme une certitude. « Je pense que la démocratie implique de regarder vers l’avenir, pas vers le passé, et en fin de compte, le candidat Puigdemont n’est qu’un candidat qui s’est déjà présenté en 2021 et aussi en 2017, si ma mémoire est bonne, » a-t-il déclaré. « Donc, je ne pense pas que ce soit quelque chose de nouveau, » a-t-il ajouté à propos de la candidature de M. Puigdemont, qui n’avait pas encore été annoncée.
Il a également appelé à « l’unité de la Catalogne ». « La grande leçon de cette décennie perdue en Catalogne », est que « la Catalogne ne progresse pas lorsqu’elle est divisée. La Catalogne progressera quand elle sera unie », a poursuivi le Premier Ministre espagnol.
Les élections en Catalogne, une région de près de huit millions de personnes, promettent d’être serrées. Selon un sondage publié jeudi, le Parti Socialiste Catalan, une branche régionale du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) de Pedro Sanchez, arriverait en première position avec entre 35 et 42 sièges, suivi par l’ERC (avec 26 à 32 sièges) et le JxCat (avec 24 à 29 sièges).