Le Soudan est en proie à une grave crise humanitaire, exacerbée par près d’un an de conflit, avertit une fonctionnaire de l’ONU. Edem Wosornu, au nom du directeur de l’Office de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), Martin Griffiths, a prononcé un discours alarmant devant le Conseil de Sécurité de l’ONU le mercredi 20 mars. Elle a critiqué l’inaction internationale face à la situation soudanaise, qu’elle qualifie de « catastrophe humanitaire en tous points de vue » compte tenu de l’échelle des besoins humanitaires et du nombre de personnes déplacées et affamées.
Les affrontements entre l’armée du général Abdel Fattah Al-Bourhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires), commandé par le général Mohammed Hamdan Daglo, ont éclaté le 15 avril 2023. Ce conflit a causé des milliers de morts et déplacé plus de 8 millions de personnes, selon l’ONU. Malgré les appels à un cessez-le-feu « immédiat » et à un accès sans restriction à l’aide humanitaire par le Conseil de sécurité début mars, Wosornu a annoncé avec regret « qu’il n’y a pas eu de progrès significatifs sur le terrain ». De plus, elle mentionne un financement d’aide de 47 millions de dollars. Le peuple soudanais est désespéré, laissé à l’abandon par la communauté internationale, conclut-elle.
Les États-Unis ont récemment déclaré un soutien humanitaire supplémentaire de 47 millions de dollars (43 millions d’euros). Cette aide sera destinée aux nations bordant le Soudan, comme le Tchad et le Soudan du Sud, afin de les assister dans l’accueil des réfugiés soudanais, comme l’a expliqué l’ambassadrice américaine, Julieta Valls Noyes, lors d’une réunion avec le premier ministre tchadien.
Actuellement, presque 18 millions de Soudanais sont confrontés à une grave insécurité alimentaire (phase 3 et plus sur l’échelle IPC de classification de l’insécurité alimentaire, qui comprend 5 niveaux), un chiffre inédit en temps de récolte – 10 millions de plus que l’année précédente à la même époque. De plus, 730 000 enfants sont en état de malnutrition sévère. Selon un mémo consulté par l’AFP et envoyé au Conseil de sécurité la semaine dernière, Martin Griffiths a averti que 5 millions de Soudanais « pourraient tomber dans une insécurité alimentaire désastreuse dans certaines régions du pays dans les mois à venir ».
Pour éviter que le Soudan ne devienne la pire crise alimentaire mondiale, des actions coordonnées sont urgentes et nécessaires, a déclaré mercredi Carl Skau, directeur adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM). Il a également souligné le « risque élevé » que les Soudanais atteignent la phase 5 IPC (famine) au début de la « saison maigre » en mai.
La malnutrition « coûte déjà des vies d’enfants », selon Edem Wosornu. Elle a également prévenu que nos partenaires humanitaires estiment que dans les semaines ou mois à venir, quelque 222 000 enfants pourraient succomber à la malnutrition. En outre, elle a fait référence au risque pour les enfants affaiblis de mourir de maladies évitables, alors que plus de 70% des centres de santé ne sont plus opérationnels.
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