En France, environ 20% de l’eau distribuée ne parvient jamais à son destinataire final, en raison de l’obsolescence, de la mauvaise qualité des systèmes de distribution ou des mouvements de terrain. Cela signifie qu’un litre d’eau sur cinq est perdu. Bien que cette performance ne semble pas déplorable comparée à d’autres pays européens, elle n’est pas suffisante dans un contexte où l’eau se fait de plus en plus rare.
Plus important encore, cette moyenne cache de grandes disparités entre les différentes collectivités locales qui gèrent ce secteur. Tandis que certaines affichent un taux d’efficacité de 98% ou même 100%, d’autres perdent plus de la moitié de l’eau qu’elles transportent.
En 2022, 198 de ces réseaux avaient un rendement inférieur à 50% et sont représentés comme des points noirs sur une carte du territoire publiée par l’association Intercommunalités de France le 20 mars. Le département des Pyrénées-Orientales, qui souffre d’une sécheresse exceptionnelle, comporte un grand nombre de ces points noirs, tout comme les Hautes-Pyrénées, le Cantal, les Hautes-Alpes et les Vosges.
Les régions montagneuses sont particulièrement touchées, avec 151 des 198 réseaux défectueux situés dans des communes qui gèrent elles-mêmes leur distribution d’eau potable. Seulement 22 concernent des intercommunalités et 25 un service syndical d’eau.
Les adhérents d’Intercommunalités de France sont transparents sur leurs intentions : Leur travail systématique vise à plaider pour un transfert rapide de la responsabilité de l’eau vers des regroupements de municipalités similaires aux leurs, une association qui compte environ un millier de membres, y compris des métropoles. La loi prévoit de rendre cette transition effective en 2026.
Actuellement, 79% des Français vivant dans diverses agglomérations sont déjà dans ce cas, tandis que plus de 8 millions vivent dans l’une des 5667 communes qui maintiennent encore la responsabilité de l’eau de manière individualisée. Cependant, parmi ces municipalités, de nombreux représentants de villages et petites villes résistent fortement, s’accrochant à « leur » ressource, même si elles n’ont pas les moyens appropriés pour la gérer de manière optimale.
« Notre carte, récemment mise à jour, est la plus complète, à l’exception du fait que les communes de moins de 3500 résidents ne sont pas tenues de divulguer leurs performances », a confirmé Sébastien Martin, ancien membre des Républicains, président d’Intercommunalités de France et de la communauté d’agglomération du Grand Chalon (Saône-et-Loire), lors d’une présentation à la presse. « Elle démontre la corrélation entre le gaspillage et les territoires qui restent isolés. Cela équivaut à des millions de mètres cubes d’eau perdus », selon lui.
Il ne reste que 34,82% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Laisser un commentaire