Luis Montenegro, un avocat et expérimenté parlementaire de 51 ans, a été désigné premier ministre du Portugal, suite à une annonce officielle de la présidence de la République dans la nuit du mercredi 20 mars au jeudi 21 mars. M. Montenegro, qui dirige l’Alliance démocratique (AD), richement modérée, a remporté de manière très serrée les élections législatives du 10 mars. Il succède ainsi à Antonio Costa, socialiste au pouvoir depuis la fin de 2015.
Lors d’un bref discours aux médias après une rencontre avec le président de la République, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, M. Montenegro a indiqué que la structure de son gouvernement serait annoncée le mercredi 27 mars, et qu’il devrait prendre fonction le 2 avril.
Après avoir terminé ses consultations avec les partis politiques représentés au Parlement, le président de la République a donc convié le vainqueur des élections à former le nouveau gouvernement. Malgré une très faible avance sur le Parti socialiste (PS), l’AD, avec 28,8% des votes et 80 députés sur 230, est sorti victorieux de ces élections. Bien que loin d’atteindre le seuil des 116 élus pour une majorité absolue, M. Montenegro avait déjà exprimé sa volonté de diriger un gouvernement minoritaire.
Le parti socialiste est arrivé en seconde position avec 28% des suffrages et 78 représentants, suite à la démission surprise de l’ancien Premier ministre Antonio Costa, suspect dans une affaire de trafic d’influence et qui n’a pas souhaité se présenter à nouveau.
Chega, le parti d’extrême droite, a significativement renforcé son influence, devenant la troisième force politique du pays en augmentant son nombre d’élus de 12 à 50 et atteignant 18,1% des votes. Malgré la volonté affirmée lundi par André Ventura, le président de Chega, de nouer une alliance avec la droite traditionnelle pour constituer une majorité stable sans nécessairement rejoindre le gouvernement, il a également menacé d’opposition en cas de refus de négociations.
Cependant, Luis Montenegro a insisté, après sa victoire électorale, sur son refus de diriger le pays avec l’appui de l’extrême droite, posture qu’il a maintenue tout le long de la campagne.
Pedro Nuno Santos, le nouvel dirigeant du parti socialiste, a exprimé mardi sa disponibilité à approuver un rectif de budget pour augmenter les salaires des enseignants, policiers, soignants et greffiers. Néanmoins, il a averti qu’il serait « quasiment impossible » pour les socialistes de voter en faveur du budget de l’Etat pour 2025.
Au Portugal, le gouvernement n’a besoin d’aucun vote parlementaire pour prendre fonction. Ainsi, le budget automnal constitue le premier véritable test pour le futur Premier ministre.
Antonio Costa Pinto, politologue, a fait remarquer à l’Agence France-Presse qu’un gouvernement minoritaire est inévitablement forcé à la négociation. Cependant, il a précisé que cette situation ne révèle pas nécessairement une instabilité gouvernementale, car aucun acteur politique n’a intérêt à provoquer une crise à court terme. Cet analyse a été réalisée par un chercheur de l’Institut des sciences sociales de l’Université de Lisbonne (ICS).
Si une impasse survient, le rôle de médiateur de Marcelo Rebelo de Sousa, le président, sera capital. Il est toutefois à noter qu’il ne peut dissoudre le Parlement une fois de plus dans un délai de six mois.
Le premier ministre sortant a tenu à rassurer lors de son dernier Conseil européen à Bruxelles, affirmant qu’il n’y aura pas de modification de la politique européenne ou extérieure du Portugal. Même le parti Chega, qui se distingue des autres partis d’extrême droite européens, n’a jamais mené une campagne anti-Union européenne ni adopté une position eurosceptique, a noté Antonio Costa.
De son côté, Luis Montenegro prévoit également de se rendre à Bruxelles pour assister à une réunion du Parti populaire européen (PPE) jeudi matin.