Les forces pro-européennes risquent de se saborder en se basant sur les accomplissements de l’Union Européenne (UE) lors des cinq dernières années pour leur campagne, et cela pourrait être avantageux pour les factions anti-européennes. Avec les élections prévues entre le 6 et le 9 juin dans les 27 pays de l’UE, le Conseil Européen pour les Relations Étrangères (ECFR), dans une note publiée le 21 mars, promeut une idée qui semble paradoxale à première vue.
Selon l’ECFR, bien que les leaders européens aient raison d’être fiers de leur gestion des trois principales crises récentes – la pandémie de Covid-19 depuis 2020, l’attaque russe sur l’Ukraine en février 2022, et le réchauffement global avec le pacte vert depuis fin 2019 – mettre l’accent sur ces réussites pourrait en réalité mobiliser davantage leurs opposants eurosceptiques que leurs propres partisans.
L’ECFR base sa réflexion sur une série de sondages réalisés en janvier dans douze pays membres de l’Union (Allemagne, Autriche, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Suède), représentant les trois quarts des eurodéputés, et ayant consulté 17 023 individus de 18 ans et plus. Seulement une minorité des sondés pensent que l’UE a joué un rôle bénéfique durant les crises du Covid-19 (31%) et la guerre Ukrainienne (29%), contre 35% et 37% respectivement pensant que son rôle a été néfaste.
Un sondage d’octobre 2023 était plus critique vis-à-vis des politiques de l’UE quant au changement climatique, avec seulement 25% considérant que l’UE avait fait un « bon travail », contre 61% pensant qu’elle avait fait un « mauvais travail ».
La mise en valeur des réussites de l’Union Européenne pourrait se révéler contreproductive, les transformant en cibles attractives pour les partis d’extrême droite, dont les électeurs se montrent particulièrement critiques envers la gestion de l’UE. Cette stratégie pourrait en effet susciter un plus grand engagement de leurs électeurs par rapport à ceux des partis pro-européens, selon les auteurs de la note, Ivan Krastev et Mark Leonard.
La situation est encore plus complexe pour les partis pro-européens, avancent-ils, car l’opinion des électeurs s’étend au-delà des politiques mises en œuvre et prend en compte les intentions réelles des dirigeants politiques. Une proportion importante de ceux interrogés pensent que les leaders des partis pro-européens de leur nation aspirent à accueillir plus de migrants et de réfugiés (43 %) et souhaite augmenter la facture énergétique pour lutter contre le réchauffement climatique (33 %).
Le rapport de l’ECFR met en évidence que le sujet de l’immigration, souvent considéré comme crucial tant par les partis pro-Européens que par les groupes d’extrême droite, n’est en réalité pas perçu comme tel par la majorité des électeurs. Seulement 15 % d’entre eux estiment que l’immigration est le défi majeur de l’Europe. Lorsqu’on leur demande quel enjeu a le plus modifié leur vision de l’avenir durant la dernière décennie, l’immigration se classe derrière les enjeux économiques (21 %), la pandémie de Covid-19 (19 %), le changement climatique (16 %) et la guerre en Ukraine (16 %).
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