Adonis, le célèbre poète syrien de 94 ans, publie une nouvelle oeuvre intitulée « Le Louvre, espace de l’alphabet à venir ». Ce livre, inspiré par une errance indéfinie à travers les départements d’antiquités orientales du musée parisien, est disponible en édition bilingue, en arabe et en français. Depuis son exil en France en 1985, Adonis a révolutionné la littérature arabe en intégrant la poésie en prose. C’est une figure incontournable, qui continue à partager sa non-croyance en même temps que son rejet de toutes idéologies. Un entretien fourni avec cet homme élégant et jovial explore ses vues sur la beauté du monde et la tristesse de sa perte. La question est posée de savoir comment il, en tant que poète contemporain, voit le concept de musée en tant que lieu de conservation, et comment il se rapporte au Louvre en particulier.
D’après ma perspective, l’aspect primordial réside dans la créativité. Le geste de créer incarne la contemporanéité et le désir perpétuel de transformation du monde. Le musée représente cet espace qui englobe la créativité humaine, indépendamment des affiliations religieuses, raciales ou autres, en particulier avant que le monothéisme ait transformé notre perception de la nature. Le monothéisme introduit une scission dans la nature, entre ce qui est observable et ce qui reste caché. Je suis davantage attiré par ce qui réside au-delà des apparitions. Le monothéisme a effacé la connexion vitale qui existait entre l’homme et la nature, voire les animaux. En revanche, le musée transcende ces divisions. En partant du Louvre avec ses murs, on arrive à envisager au-delà de toute barrière, vers l’infini. J’y ai contemplé des œuvres qui invitent à repenser la relation fondamentale entre les arts grecs et babyloniens, ou entre la Grèce et l’Égypte par exemple. Même Homère fut inspiré par l’épopée mésopotamienne : son voyage aux enfers n’est qu’une réitération de Gilgamesh. Ce fait est ignoré aujourd’hui, car le monothéisme a idéologisé les écrits, occultant ainsi leur essence. Pour comprendre notre histoire, il est essentiel de se remémorer cela : ce qui est le plus ancien est aussi le plus moderne.
En vous lisant, on a l’impression que votre recherche du paradis a été la cause de vos malheurs…
Selon moi, tout ce qui est divin est antihumain. Qu’est-ce que le ciel au-delà de la foi ? Il n’est qu’une invention idéologique. L’essentiel est de mettre l’accent sur la Terre et l’humanité. La foi dénature l’homme.
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