L’annonce a été un choc total : Leo Varadkar, à 45 ans, le Taoiseach (Premier ministre) de l’Irlande, a stupéfait tous en déclarant sa démission subitement le 20 mars. Il a été à la tête du gouvernement irlandais depuis décembre 2022 pour la deuxième fois, après un premier mandat de 2017 à 2020 comme ce médecin vient également de renoncer à la tête du Fine Gael, le parti du centre-droit, dont il est le président depuis 2017.
Même s’il n’a pas demandé des élections générales – alors que les prochaines devraient avoir lieu au plus tard fin février 2025, il sera supplanté à la présidence de ce parti et à celle du gouvernement national dans les semaines à venir.
Lors de sa déclaration de départ de Leinster House, le siège du Parlement irlandais à Dublin, Varadkar a cité des « raisons personnelles et politiques », en précisant qu’un nouveau Taoiseach sera « mieux positionné que [lui] » pour mener le Fine Gael aux élections générales. Son successeur devra relever deux autres défis électoraux importants dès juin : des élections locales et les élections européennes.
Deux semaines seulement après une défaite sévère pour son gouvernement, lorsque les Irlandais ont répondu « non » par référendum à deux modifications proposées à la Constitution irlandaise : une pour moderniser la définition de la famille et une autre pour préciser et élargir la description du rôle des femmes dans la société. Cet échec a été davantage imputé à une communication gouvernementale confuse et peu persuasive qu’à une réticence des Irlandais à mettre à jour leur Constitution.
Leo Varadkar, de descendance indienne par son père et ouvertement gay, symbolise une nouvelle vague de dirigeants irlandais plus progressistes, reflétant le changement radical de la nation. En moins de deux décennies, la République d’Irlande a évolué d’une société profondément conservatrice dominée par l’Église catholique à une communauté ouverte prônant l’égalité et la parité, légalisant le mariage homosexuel en 2015 et l’avortement en 2018 de manière relativement consensuelle.
On se souviendra de Varadkar en tant que leader énergique et le parfait représentant des classes moyennes urbaines, bien qu’il n’ait pas autant de résonance auprès des classes populaires et rurales. Il s’est également distingué durant les négociations du Brexit, adoptant une position ferme contre Londres et contestant vigoureusement le rétablissement d’une frontière douanière sur l’île, entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, qui fait partie du Royaume-Uni.
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