Des œuvres d’art tridimensionnelles qui semblent transcender les murs sous forme d’objets géométriques tels que des lampes, des chandeliers, des vases, ou encore des motifs complexement tissés sur des meubles décorent l’espace. Ces créations sont-elles assimilées au design, à l’art contemporain ou à l’artisanat? On peut dire qu’elles sont une belle fusion de ces trois éléments. Bienvenue au quatrième niveau du Centre Pompidou à Paris, où se tiendra, jusqu’au 23 septembre, une exposition dédiée aux œuvres de Ronan Bouroullec, qui est l’un des deux frères prodiges du design français. L’exposition a pour titre « Résonance ».
Ronan Bouroullec explique que « “Résonance” symbolise l’interconnexion d’objets nouvellement imaginés, conçus et fabriqués dans divers contextes, comme le Japon, l’Italie ou l’Espagne, avec différents artisans ou machines. La collection comprend divers types d’objets tels que des luminaires, des paravents, des vêtements, ou même des dessins sans objectif précis. Tous ces objets occupent une place égale, sans hiérarchie. Mon but est de présenter un ensemble harmonieux qui possède sa propre beauté et grâce.»
Dans l’exposition soigneusement organisée par ce designer de 53 ans originaire de Quimper, une trentaine d’œuvres dialoguent entre elles en utilisant des formes de base. Parfois, on se sent déambuler dans une peinture abstraite, rappelant l’œuvre de Kandinsky. Les vases Sosei (2022) (qui signifie « assemblage » en japonais), qui juxtaposent des formes rectangulaires et cylindriques et qui ont été réalisés à la main en collaboration avec l’atelier Tajimi Custom Tiles, côtoient des lampes solides pour Flos, figées dans leur mouvement comme englouties dans de l’argile.
Une frise en relief de Mutina, une entreprise italienne, décore un mur tout en présentant un contraste avec un tissu dynamique de la marque danoise Kvadrat, tendu sur un paravent simplifié conçu par BD Barcelona, une maison espagnole. Non loin de là, on découvre un chandelier fabriqué par la même marque. L’inspiration de ce dernier provient du mobilier liturgique dessiné par Ronan Bouroullec pour une chapelle du Mont Saint-Michel de Brasparts (Finistère) en 2023.
Le thème obsessionnel des motifs verticaux est très visible; un glissement continu de la création est mis en lumière, avec des influences issues du minimalisme américain comme Donald Judd, et des cultures anciennes ou modernes, explique Marie-Ange Brayer. En tant que conservatrice en chef du département design et prospective industrielle du Musée national d’art moderne, elle a facilité l’incorporation de ces œuvres créées entre 2020 et 2024 dans la collection permanente du Centre Pompidou.
Elle souligne également l’interaction fructueuse entre différents médiums, allant de la matière aux couleurs, des formes aux plans. Leurs choix vont jusqu’à inclure les vêtements présentés en janvier à Paris lors du défilé d’Issey Miyake, ornés de dessins tissés par Ronan Bouroullec ou appliqués par sérigraphie. Le couturier et le designer maintiennent une collaboration depuis vingt ans pour explorer leurs pratiques respectives.
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